Weekend Autonome Spéléo – Albion


Rendez-vous à 6h30 sur le parking du campus pour les spéléos autonomes du GUCEM. Après moultes péripéties, l’équipe sera constituée de quatre membres : Benoit, Stanislas, Paul et Kévin (moi). Un groupe avec des niveaux d’expérience assez différents mais des objectifs communs : prendre du plaisir et se dépasser. Premier challenge du weekend : réussir à fermer le coffre du Kangoo Maxi avec tout le matos.

Fermera, fermera pas ?

Sur la route pour aller au plateau d’Albion, les cerveaux fument déjà pour choisir la première cavité : une cavité ni trop longue ni trop dure pour être à l’heure pour l’arrivée au camping. Après avoir épluché les topos, le choix est fait : ce sera l’Aven du Bourinet…

Jour 1 : L’échauffement – Aven du Bourinet / Fond (-157m)

Après 3h de route (et quelques siestes improvisées), nous arrivons à proximité de la cavité. Dès la sortie de la voiture, les odeurs de lavande nous enivrent, c’est bien le Sud ici ! Nous partons directement à la recherche de l’entrée dans la garrigue… “Aie! mais tout pique ici”, les végétaux ont décidé de nous accueillir chaleureusement avec leur épines. Après quelques minutes, nous nous rendons compte qu’une sente mène au trou, pas besoin de faire les sangliers dans le maquis 🙂

Nous repartons à la voiture pour nous équiper et manger avant de démarrer l’exploration. Il est maintenant 11h, Benoit est déjà prêt, et part donc équiper les premiers puits pendant que nous finissons de nous préparer. Dès le début, les puits sont étroits et assez techniques à équiper. Nous qui pensions découvrir des grands puits en ogives, nous allons devoir attendre un peu. Après ces premiers obstacles, nous nous relayons pour équiper. Je me lance dans l’enfilade de puits suivants avec une C120 : ils ne sont pas faciles à lire et l’équipement est souvent sur AN (les spits sont rares voire trop vieux). Puis, Paul continue l’équipement. Il arrive devant un boyau assez étroit qui s’ouvre dans un P10, mais se dé-escalade assez facilement. La suite se complique: l’avant-dernier puits nous donne du fil à retordre et la grotte devenant très humide, nous nous refroidissons vite. Paul et Benoit s’allient et nous finissons par atteindre l’ultime P10 que Stan équipera tranquillement.

Le fond est un boyau étroit, boueux dans du rocher très délité. Je serai le seul à m’y engouffrer, décourageant au passage le reste de l’équipe… Il est 14h, nous décidons de remonter: Stan, puis Paul déséquipent jusqu’en haut du P24, et je prends le relai pour les derniers puits. Nous sortons à 16h30, pile à l’heure pour aller s’installer au camping.

TPST : 5h30

Arrivés au camping, nous installons le camp de base. Frustrés par l’étroitesse des puits parcourus aujourd’hui, nous envisageons d’aller nous frotter aux grandes verticales d’Albion. Le P167 du Jean-Nouveau, nous fait de l’oeil (et remue un peu le coeur de certains). Nous préparons les quatre kits nécessaires à l’équipement de la cavité (deux kits entiers sont dédiés au fameux P167 !). En sortant des douches, (et oui on parle de douche dans un CR Spéléo #blasphème), nous, Kevin et Paul, croisons Benoit qui remplit un kit de cordes avec de l’eau. Evidemment, ça nous intrigue. Alors que nous lui demandons à quoi ça sert, Benoit nous répond avec un grand sourire : “C’est pour faire rentrer toutes les cordes”. Et c’est comme cela que nous faisons la rencontre de “KitKat”, le cinquième protagoniste du lendemain.


Jour 2 : Les verticales d’Albion – Aven Jean-Nouveau / Diaclase de Pâques (-327m)

Trouver un accès au trou en voiture est déjà une aventure en soi : la piste s’enfonce dans la garrigue d’Albion et passe à proximité de plusieurs maisons. Il est difficile de faire la différence entre la nature sauvage et le jardin des propriétés. Nous irons jusqu’à visiter, par inadvertance, le jardin d’un gite de France. Le safari se termine au milieu des champs de lavande où un grillage délimite l’entrée de la cavité.

Il est 9h15: nous nous équipons rapidement et je pars équiper le P167, avec une belle guirlande de mousquetons autour du cou (une vingtaine). J’enchaine la pose de frac jusqu’à finir de dérouler la C120, puis je continue avec la C90. Au bout d’1h15, nous sommes tous en bas du puit. Cette grande verticale n’était finalement pas si impressionnante que ça! Nous continuons notre chemin dans un boyau assez confortable et arrivons dans la salle des concrétions (mais elle est assez décevante). Paul, avec l’aide de Benoit, attaque l’équipement de la suite avec une série de “petits” puits. Mention spécial au P30 “aménagé” avec de grandes barres de fer rouillées en guise de tête de puits (on rajoute un AS au cas où…). Il est 11h30 lorsque nous arrivons à la salle du 14 juillet. Benoit récupère les 2 dernières cordes et équipe les puits restants (un P30 et deux P15). Nous atteignons une heure plus tard la diaclase de Pâques. Sa traversée nous demande un peu de concentration, pour éviter de finir 30m plus bas… Au bout de celle-ci se trouve un bivouac bien aménagé (lit/terrassement) où nous nous installons pour déjeuner et discuter des plans du lendemain. Au vu de nos premières impressions dans les grands puits, nous décidons d’aller au Souffleur d’Albion.

Nous quittons le bivouac vers 13h pour entamer la remontée. J’aide Stan à déséquiper les trois derniers puits, et nous commençons à re-remplir “KitKat”. Paul enchaine sur le déséquipement depuis la salle du 14 Juillet. Pas de chance, c’est à lui (et Stan) qu’incombe la dure tâche de boucler “KitKat”. Sous terre, c’est une sacré épreuve! Diverses techniques sont essayées : taper le kit, mettre le pied dedans, faire une prière… et ça finit par payer : le kit ferme de justesse (heureusement que l’on ne doit pas le ré-ouvrir). “KitKat” alias “l’enclume” est remonté à la sueur de nos fronts. Il est 14h30 lorsque nous entamons le dernier obstacle : le P167 ! Je pars le dernier pour déséquiper les 200m de corde posés dedans. Une heure plus tard, nous sortons de l’aven sous la pluie. Ce fut une journée rondement menée, mais il faut reprendre des forces : la journée suivante s’annonce un cran au dessus…

TPST : 6h30

Malheureusement, pas de repos après le Jean-Nouveau. A peine rentrés au camping, il se met à pleuvoir des cordes et nous devons préparer la sortie du lendemain. Les combinaisons/vêtements ne seront pas secs. Le moral dans les chaussettes (mouillées qui plus est), nous partons nous coucher et rêver de la rivière souterraine d’Albion…


Jour 3 : L’apothéose – Aven du Souffleur / L’abbé (-610m)

A 9h, devant l’entrée du souffleur, nous préparons deux kits et partons à l’assaut de cette grande expédition. L’exploration débute par deux petits puits qui amène rapidement dans le Méandre des Absents. Ce méandre commence par un court “ramping” et enchaîne avec deux ressauts aménagés (prises en fer plantées dans la roche). Juste après le deuxième ressaut, nous nous engageons dans un court boyau étroit et progressons jusqu’à la première série de puits. Les puits sont très larges et la progression est rythmée par les “libre, libre, libre !” jusqu’à arriver au fond du puits de l’Anaconda. Là, un trou perce le plancher de la salle et permet d’accéder au fameux Méandre d’Ankou !!!

A peine arrivés dans le méandre, le ton est donné : le méandre est étroit, profond et la progression, pénible. Nous avançons péniblement, en pestant contre nos kits et/ou le méandre. Heureusement, le chemin est très bien balisé : nous devons naviguer entre plusieurs étages hauts du méandre. Malgré les désagréments liés à l’étroitesse du méandre, nous avançons plutôt bien. Après 1h de progression, une corde apparait. Enfin ! Mais en la regardant, nous restons perplexes : “Elle remonte ?!”, “Pourquoi on ne va pas dans le même sens que l’eau qui coule au fond du méandre ?”. C’est la désillusion! Cela faisait 1h que nous allions dans le mauvais sens, vers Aubert… Coup dur pour le mental ! Nous devons refaire tout le parcours en sens inverse puis avancer vers l’aval. Les kits sont échangés et les lamentations reprennent. Au bout de 1h30, nous tombons sur une corde, cette fois-ci, descendante! Les 2h “bonus” de méandre ont laissé des séquelles et la descente des grands puits permet de souffler un grand coup.

Le ballet des “Libre, libre, libre” reprend et nous atteignons la rivière à 14h20. Les volumes sont vraiment imposants et la rivière est magnifique, même si le niveau d’eau est plutôt bas. Au bivouac, une superbe table est posée et nous permet de nous installer pour prendre un repas bien mérité. A 15h, nous reprenons notre chemin en suivant la rivière jusqu’à arriver à la voute mouillante. Là, nous nous séparons en deux groupes : Paul et Stan préfèrent remonter directement, alors que Benoit et moi décidons de continuer. Nous nous mettons d’accord sur un code (un noeud de chaise en bas de la verticale) pour valider que la première équipe a bien retrouvé le chemin et débuté la remontée.

Au vu du niveau d’eau, nous allons devoir nous mouiller pour continuer l’exploration. Afin de garder nos vêtements secs, nous ne conservons que nos sous-vêtements sous la combinaison avant de nous élancer dans la voute mouillante. L’eau est relativement chaude (en comparaison à celle du Vercors) et la progression jusqu’à la perte assez aisée. Une fois au fond, nous prenons quelques photos puis entamons le chemin de retour.

A 16h, nous, Benoit et moi, arrivons au pied des verticales et trouvons un noeud de chaise sur la corde : ouf, nous sommes rassurés, Paul et Stan sont déjà passés. Une nouvelle chorégraphie de “Libre, libre, libre” se met en place et nous retrouvons les autres en bas du R80. Pas le temps de niaiser, les retrouvailles passées, nous nous remettons en marche vers le haut en enchainant les fracs. Impossible de garder le compte tellement la remontée semble infinie… Après 1h30 d’effort, nous nous retrouvons face à notre némésis ! Le méandre d’Ankou est de retour ! La symphonie des “doux sobriquets” à l’encontre du méandre reprend et après 40 minutes, la sortie du méandre est en vue !!! Cette fois-ci, c’est la bonne ! Euphoriques pendant quelques instants, nous oublions que nous sommes encore à -200m sous terre et que la remontée est loin d’être finie. Ce n’est que 2h30 plus tard que nous retrouvons la lumière du jour, soulagés d’avoir terminé cet effort.


TPST : 11h30 (dont 2h de bonus méandre)

Après toutes ces émotions, le dernier jour est dédié au lavage/rangement du matériel et au voyage de retour. Un super weekend entre spéléos <3

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