DES FRENCHIES A L’ASSAUT DE PEMBROKE.


Ou la suite des aventures Anglaises du Grenoble Université Club Escalade Montagne.

Après notre superbe trip de l’année dernière au PEAK DISTRICT, ou en tant que bons français, un poil prétentieux, nous pensions avoir « fait » l’Angleterre, nous cherchions alors notre projet nouveau qui clôturerait notre cycle TRAD CLIMBING annuel.

Me revint en mémoire un projet avorté quelques années auparavant : Pembroke dans le Sud du Pays de Galles, dans le parc du Pembrokeshire. Connu pour ses failles s’ouvrant sur la mer, ses kilomètres de falaises calcaires, ce site était surtout référencé par des exploits défrayant les chroniques, tous plus extrêmes les uns que les autres. Les E8, E9, et E10 (de 7b+ à 8c…) de parfois 40 mètres semblaient la norme.

Mazette, pas simple sous ce prisme, d’y organiser un stage club avec des participants exercés certes à la pratique de la pose de coinceurs, mais d’un niveau plutôt allant du Very difficult, pour prendre ses marques (3/3+) au E3/E4 pour les plus belles performances (6b+ au 7a+). Ce nouveau projet est suivi avec enthousiasme par le club, ainsi que cette année par le Club Alpin Français. En effet, nos projets proposent des escalades alternatives, dans des lieux historiques, avec des formules relativement « eco responsables », et nous grimpons dans des temps cléments en plein été ! De plus, ces voyages sont le clou d’une saison de préparation sur des sites autours de Grenoble, ou tous font leur « bases ». « D’abord nous faisons nos gammes, ensuite nous mettrons un beau paysage ! » leurs dis je quand nous posons nos coinceurs dans les falaises urbaines de Grenoble !

Aussi ces projets, une fois réalisés peuvent servir à tout club, et c’est aussi le but de notre club CAF du GUCEM de transmettre nos tips et autres bons plans.

Vient alors le temps exaltant du « ponçage » de topo ! Et là, mais alors là, non mais là ! The spot se découvre page après page. Immense, varié, iconique, les photos sont belles, les cotations multiples, car il y a des centaines de longueurs, et les topos sont au nombre de 5, avec chacun son pesant de 400pages en moyenne !

Le seul Hic, est que c’est partiellement dans une zone ou s’exerce l’armée et que des secteurs entiers peuvent être fermés, de la semaine pour la semaine d’après, sauf en août ou tout est open. Qu’à cela ne tienne, nous ferons avec ce qui nous reste, c’est-à-dire 3 tomes sur 5, en gros quelques centaines de longueurs !

L’organisation se déploie et chacun a sa tâche : déplacement, passeports, Shuttle, nourriture, logement, quel camping ? ,matériel, météo, topos, autant de sujets qui nous poussent déjà à y être. Et c’est après 2 jours de route que nous arrivons au bout de la terre, face à l’océan, dans des près immenses, qui s’arrêtent de manière abrupte, par une falaise, que nous allons grimper !

Le lieu est à la hauteur de nos projections. Les horizons sont immenses, et changent de nos alpes ou toute perspective est barrée par un mont une face une arête, une verticale. Ici tout est horizontal, l’organisation du regard se fait par plans successifs ; la mer, la falaise, d’une trentaine de mètres à soixante mètres, qui fait un ruban gris tout au long de la cote (plusieurs kilomètres de falaises !!!), les prés en haut, piquetés de pieux pour pouvoir descendre en rappel et les cieux, chaotiques et souvent bousculés qui augmentent encore l’impression d’etre dans l’élément.

Pour accéder aux sites il faut ancrer une corde fixe que l’on fixe sur un pieu planter dans la terre. On peu les doubler éventuellement si l’on a un doute, mais ils sont globalement bon, même si au début, on est surpris !

Une fois au pied, il faut jouer avec les marées qui varient d’une demi-heure à une heure par jour. Une fois caler, cela fonctionne ! Il vaut mieux préférer attaquer à grimper lorsque la mer commence à descendre, car cela donne une bonne dose de temps et de sécu. Des secteurs entiers sont au-dessus des marées, quand d’autres ont des variations de quelques 10 mètres d’escalade de différence !

Tout cela compris, c’est la pêche miraculeuse, le choix de la ligne. L’inspiration en grimpe est fondamentale ; telle ou telle ligne nous parait plus belle, plus inspirante plus esthétique… En trad c’est doublé de deux facteurs : la, les fissures que l’on va suivre sont-elles continues, sont-elles pures ? Ces fissures, cette escalade comment allons nous la protéger, surtout à vue ? Devine t’on les protections à poser ? Ai-je assez de matériel ? Tout ceci participe au choix, et ces incertitudes rajoutent à l’engagement que l’on prend lorsque l’on décide de grimper une ligne. Ici, grimper est synonyme de s’engager. C’est une belle allégorie de la vie ! Et lorsque l’on construit son relais au sommet de sa longueur, souvent en ralliant un pieu de prairie, on mesure la liberté qui nous irradie grâce à cette situation de grimpe et d’engagement pris et réalisé.

Bref, c’est dément !

Nous avons parcouru plusieurs secteurs durant ces 7 jours de grimpe.

SADDLE HEAD secteur à l’accès montagne possible, en désescaladant une arrête facile. Beaucoup de voies faciles, pas de marrés, un pied de voie presque cosy et un caillou top top.

SAINT GOVAN’S HEAD secteur majeur avec de tout , et surtout beaucoup de voies (+ de 100 longueurs), facile d’accès. Marée facilement gérable, sol cosy, rocher parfait, beaucoup de voies collectors ! Nous y sommes allés trois fois !

MOWINGWORD encore un secteur magnifique avec des composantes très différentes : plusieurs longueurs, voies une longueur, de tout niveau. Accès magnifique en longeant des plages de sable, qui mènent à une hanse sauvage ou les gabians, mouettes locales sont reines. Un pieu au bout d’une lande de terre marque le début de l’aventure, la journée s’annonce belle même si les nuages s’amoncellent au loin. Nos aliens, totems, camalots s’affolent sur leurs portes matériels…

MOTHER CAREY’S attention chef d’œuvre. Ici tout est sauvage, tout est beau, tout est conforme à ce que nous sommes venus chercher. Les pieux sont dans la lande, entourés de fleurs des champs, les mouettes virevoltent au-dessus guettant nos ébats, la mer gronde en dessous, et les relais « high tide » sont juste au-dessus du ressac en marré haute. Beaucoup d’escalades abordables entre 5c et 6b, très raides et très prisues, très agréables à grimper, et de plus qui se protègent parfaitement bien. Ici chaque escalade est marquante, et quand une cordée descend vers la mer, tous lui souhaitent bon vent !

CARREG Y BARCUD est dans le secteur de Pembroke north près de la ville de St David. Il s’agit de lames qui donnent l’impression d’être lisses mais qui sont parsemées de petites fissures. Ici j’ai posé mon plus petit offset en laiton que j’ai depuis 40 ans et que je n’avais jamais mis…Il rentrait parfaitement dans le logement, mais tiendrait-il ma chute ? Le câble est quasi transparent tellement il est fin! Mais globalement les voies se protègent bien, il faut juste s’habituer au lieu, au caillou ; mais jusqu’à un certain niveau ! Au-delà du 7a/7b ( E4/6B, E5/6B/C), cela devient vraiment conceptuel. Nous regardons les murs lisses en cherchant des emplacements pour se protéger ; ici c’est alors le royaume du après travail, et le calage des protections est aussi important que celui des mouvements.

Nous avons logé au camping de St Petrox entre Bosherton et Pembroke. Camping à l’anglaise, ou plutôt à la Galloise : des près immenses, une vielle église du 12éme siècle, des sanitaires et le tour est joué. 5 minutes de single road, entre des murs de 2 mètres de haut de fougères et autres végétation endémique, et nous sommes à pied d’œuvre.

Il existe aussi un camping à Bosherton, dernier village avant la mer, ou il y a un pub typique…Sinon tout commerces à Pembroke qui est également une très belle ville Galloise avec son château médiéval et ses pubs ou il fait bon se désaltérer au chaud.

Nous avons utilisé les deux topos que sont, PEMBROKE ROCK 1000 SELECTED SELECTED ROCK CLIMBS de Paul Donnithorne, et le rock Fax de PEMBROKE, d’Alan James.

Pour le matériel, nous avons utilisés pas mal de câblés et hexentriques ; c’est du calcaire et cela s’y prête parfois mieux que les friends. Nous en avions cependant de toutes marques, et en quantité. Les aliens, et totems font merveille ainsi que les Z4 de chez camalots.

En corde, prévoir des cordes à doubles car les longueurs sont longues et la gestion du tirage compliquée en corde à simple. Les fissures étant souvent discontinues, l’utilisation de la corde à double est un plus.

Une fixe est à prévoir pour pouvoir descendre, de 50 voire 60 mètres.

Nous sommes partis en minibus de Grenoble, avons pris le Shuttle. Compter 14 h de route. Au retour d’un seul jet, avec rotation des chauffeurs !

Un grand merci aux participants d’avoir adhérer à ce projet peu commun.

Un grand merci au Club Alpin Français, et à son DTN Luc Thibal, qui ont supporté ce projet, et nous ont aidé à le réaliser.

Et à l’année prochaine pour une nouvelle destination Galloise : GOGARTH et LAMBERIS !

L’histoire continue…


Sylvain MAURIN

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