Stage spéléo : Coume Ouarnède


La Coume Ouarnède quésako ?

Pourquoi de jeunes gens croquant la vie s’enterrèrent une semaine durant au fin fond des Pyrénées ?

L’histoire commença par une grosse motivation de Benoit qui nous fit découvrir les lieux et fédéra la fine équipe.

Peu connu du grand public, le réseau Félix trombe – Henne Morte appelé aussi la Coume Ouarnède ou juste La Coume est le plus grand réseau de France en termes de développement avec ses 117 kms de galeries connectées actuellement. Il est situé dans les Pyrénées, au sud de Toulouse, entre Arbas et le col du Portet d’Aspet. Ces 57 entrées bien réparties sur l’ensemble du réseau en font un paradis des traversées spéléologiques. Les explorations débutèrent vers 1908 et se poursuivent encore aujourd’hui avec de nouvelles découvertes et jonctions.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_cavites_naturelles_les_plus_longues_de_France

Pour s’attaquer à ce monument rien de tel qu’une bonne troupe hétéroclite :

Yann le guide du cru préparant le nouveau topoguide du réseau, Arya l’équipeuse méticuleuse, Benoit l’avion de chasse, Gervais le benjamin fougueux, Ileyk l’intendant interactif, Laure la cuistot enthousiaste, Manu le rêveur passionné, Marie la néophyte fit, Mathilde la blagueuse bleuie, Sylvain le brosseur causeur, Thomas le logeur longé, Viviane la yogi sportive.

Samedi 06 août 2022

7h Perm du Gucem à Grenoble – 8h30 : Qui a pris les affaires de Matoch ? euh…. – 9h30 Perm – 11h Agression à la gourde par un grugeur de bouchon en colère suite à notre position bloquant la bande d’arrêt d’urgence. – Aprem : Bouchons – 20h : Arrivée au camping de la Justale à Mane – C’est le grand luxe, nous avons deux maisonnettes de 6 lits. (On a de vrais lits.) (Et aussi de vraies salles de bain.

Dimanche 07 août 2022

Traversée croisée gouffre Raymonde – gouffre Duplessis (TPST environ 7h30)

Pour bien commencer la semaine, Yann nous propose une traversée croisée passant par la rivière d’or du Raymonde avec ses parois de calcaire noir et son lit en mondmilch orangé. Une équipe part équiper le gouffre Raymonde avec Yann et une autre équipe le Duplessis.
C’est lors de l’expédition de 1957 que Norbert Casteret découvre, caché par les fougères, un gouffre prometteur à 150 mètres du camp. Sa fille Raymonde descend la première. Casteret nommera cette cavité “gouffre Raymonde” en l’honneur de sa fille, excellente spéléologue.”
Le Raymonde est constitué d’un P29 d’entrée puis P12, P11, P35 jusqu’à la rivière équipée en fixe. Le Duplessis est un peu plus profond avec P48, P22, P20, P7.
La rivière coule peu mais quelques vasques sont suffisamment profondes pour une baignade impromptue.

Nous nous retrouvons au pied à l’entrée de la rivière pour l’équipe Raymonde. Nous mangeons rapidement nos sachets (parfois percé) de salade. Arya essaye ainsi l’assaisonnement “sac étanche”.

Lundi 08 août 2022

Traversée Henne Morte – Commingeois en rappelable (TPST environ 6h)

Après une première mise en bouche alléchante nous voilà partis pour une deuxième aventure plus verticale mais sans grosse remontée sur corde. Avec l’aide de Claire nous posons rapidement une voiture au parking de la grotte des Commingeois pour la navette du retour puis nous entamons la marche d’approche en mode strip tease caniculaire. Comme souvent à la Coume, l’entrée du gouffre de la Henne Morte est majestueuse, au fin fond d’une faille sur la crête. Les puits s’enchaînent : P12, P6, P26, P16, P5, P5, P15 où nous bloquons le rappel dans la dev nécessitant une petite remontée improvisée, P32 puis le fameux Puits de la mort : superbe P45, P7, P14 puis le Puits de la tentation : P75 d’un jet, P24 et enfin le puits de la boue, P15 à la base duquel nous cassons la croûte. S’ensuit une déambulation très variée avec quelques cordes fixes jusqu’aux étroitures plutôt confortables mais très ventilées menant à la grotte des Commingeois. Petite frayeur sur la marche du retour après une glissade fortuite de 30m dans un pierrier puis grosse session nettoyage dans la rivière en attendant le retour de la navette.

Mardi 09 août 2022

Traversée Pont de Gerbaut-Pene Blanque (TPST : 9h30)

Le plan de Yann, rapidement validé, est d’équiper le Pont de Gerbaut (PDG pour les intimes) en fixe afin de faire la traversée PDG-Pène Blanque puis de faire une seconde traversée en ressortant par PDG en déséquipant.
A l’entrée du trou, face à la magnifique arche en pierre, nous comprenons mieux son nom.

“Déjà descendu en 1908 par E.-A. Martel sur 25 m, revu par De Joly et Casteret jusqu’à 65 m de profondeur en 1930, il faudra attendre 1963, pour qu’une petite équipe découvre une prolongation se terminant sur une méchante chatière soufflante. Après moultes désobstructions, la chatière Claude permettra la découverte de la grande galerie Bugat et de la superbe rivière souterraine qui coule au fond de ce gouffre. L’appellation Pont-de-Gerbaut est erronée et vient du patois local “Pount dech Erbaou” qui signifie “Le pont de l’herbe” ”

L’équipement est fluide ce qui nous fait arriver rapidement à l’entonnoir où nous faisons une pause pour manger et enfiler les bas de néoprène. Une fois rassasié nous prenons pied dans la rivière du PDG que nous descendons en alternant passages aquatiques et rappels. Après un petit pont de singe plein gaz nous enlevons les néoprènes pour entamer la longue remontée équipée en fixe jusqu’à la grotte de Pène Blanque puis jusqu’au sentier balisé. Nous traversons de grandes salles comme celle du dromadaire. Les organismes commencent à fatiguer après ces trois jours intenses déclenchant des chants écorchants. 

Mercredi 10 août 2022

Repos – Trois équipes : – Formation à l’équipement au trou Mile en aller-retour (TPST : 3h45) : Petite marche d’approche à l’ombre de la forêt pour éviter le soleil de plomb. Pique-nique tranquille à l’entrée du trou Mile avec Yann, c’est l’occasion d’être briefées sur les types d’amarrage, les nœuds, la sécurité… Ensuite, travaux pratiques pour apprendre à faire des nœuds en Y, des huits non tressés, des cabestans et autres tirages d’oreilles pour tout confectionner proprement. On se répartit l’ordre d’équipement à l’aide du plan qu’on apprend à déchiffrer, et on descend dans le trou, non sans avoir enfilé polaires et autres doudounes en observant l’apprentissage de l’équipement/déséquipement, sous le regard attentif mais bienveillant de notre guide. (Et attention ce nœud n’est pas assez serré. Et là, il faut faire passer un brin par-dessus l’autre. Et tire cette oreille car il faut répartir la charge sur les deux points. Il faut que le noeud soit parfait pour que ce soit lisible et clair pour ceux qui suivent. Je suis un peu un obsessionnel de l’équipement en vrai ça va, mais est ce que je peux retourner ta boucle? :P)

Equipement au gouffre Pierre en aller-retour (TPST : 5h) Gervais et Benoît partent équiper les puits du gouffre Pierre jusqu’à -150. Ils passeront bien 2 h dans le P80 pour trouver l’équipement hors crue recommandé par Yann et essayé de trouver le pendule sans succès. Il s’en suit l’équipement des quelques puits suivant. Ils s’arrêtent quand ils n’ont plus de corde.

Piscine puis petite traversée  Pyrénois-Pène Blanque en rappelable (TPST : 2h30)

Jeudi 11 août 2022

Traversée semi-croisée Gouffre de l’apocalypse – Pont de Gerbaut (TPST : environ 8h) et Gouffre des Hérétiques – Gouffre de l’apocalypse (TPST : 9h)
Premier léger moment de tension causé par les différents objectifs de chacun. Comprendre : on a passé plusieurs heures à débattre du type de sortie, et avec les combinaisons quasi infinies que nous offrent le réseau de la Coume, ça aurait pu durer encore longtemps ! Yann propose une traversée collective en rappelable : Hérétiques – Pont de Gerbaut. Certains préféreraient plutôt réaliser une traversée croisée pour faire de l’équipement. S’ensuit l’exploration de multiples possibilités pour finalement trouver un plan consensuel à 23h : Une équipe fera de l’équipement dans le gouffre de l’apocalypse, jonctionné au réseau en 2018, puis parcourra le réseau Larregola pour rejoindre le PDG en passant par la salle PCBM. Une seconde équipe fera du tourisme en descendant en rappel le gouffre des Hérétiques puis les puits du trou du vent  avant de remonter le réseau Larregola et de ressortir en déséquipant le gouffre de l’apocalypse. Celui-ci portant bien son nom avec son méandre boueux et ses étroitures au gabarit.

Vendredi 12 août 2022

Traversée Burtetch-Riusec en rappelable (TPST : environ 3h)

Après 6 jours sous la Coume nous changeons de secteur pour aller dans un autre petit réseau plus près du col du portet d’aspet. Après une bonne marche d’approche torride nous arrivons à la belle entrée en flanc de coteau habitée par des choucas. Nous mangeons un coup avant d’enchaîner R5 / P20 / P6 / P6 / P36 / P90 / P37 pour atteindre les grandes grandes salles où Gervais détruit le travail de Sisyphe sous un tonnerre d’applaudissements. Il a poussé du caillou tel un personnage de jeu de plateforme pendant que toute la troupe le regardait, confortablement installée sur un tas de pierres pour mieux apprécier les volumes de la salle. (Le cinéma en pleine nature, y’a que ça de vrai.)

Samedi 13 août

Réveil tranquille après avoir fêté l’anniversaire de Gervais la veille. Ménage, rangement, chargement du camion. On oublie pas les affaires de Matoch cette fois. Retour pacifique sans agression à la gourde (le pistolet à bulles de Gervais a certainement dû dissuader les plus énervés) et pique nique créatif composé de restes où il fallait savoir distinguer les oeufs cuits de oeufs frais, nous retrouvons Grenoble et le Gucem après nos joyeuses 9 heures de bouchons (vive le chassé-croisé du mois d’août). 

Pique-nique grand luxe sur l’autoroute

Le mot de la fin

On ne reste pas sur notre faim après cette folle semaine bien intense.
A l’année prochaine pour de nouvelles aventures underground.

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