Sortie canyon à Freissinière


Ces canyons ne sont surtout pas à sous-estimer. Ils allient des difficultés liées au froid, des mouvements d’eau puissants, des cascades arrosées et un engagement important. Si il est possible de les enchaîner à la journée, de les parcourir avec un bon débit, le plus important lorsqu’on envisage ces courses est de ne pas présumer de ses capacités ni de sa fatigue. Restez humble face à la montagne. Attendez d’être prêt et d’avoir de la marge avant d’y aller. Posez-vous des questions. Soyez prêt à renoncer à tout moment.
 

Prélude

Mardi 6, le weekend canyon du côté des Hautes Alpes tombe à l’eau faute de participants… L’objectif était de faire les canyons des Oules de Freissinière, Chichin et Sauze-Blache. de gros canyons donc! Qu’à celà ne tienne, je propose à Matéo et Mathoche (les seuls inscrits!) d’y aller le vendredi où je suis dispo. Les débits sont corrects depuis un bout de temps maintenant, mais de grosses pluies sont annoncées la semaine prochaine. Mathoche préfère aller à un festival, on se retrouve donc à deux.

Le réveil du samedi est rude, 5h30, RDV chez Matéo à 6h pour 2:30 de route. On potasse le topo, refait un check météo, et on verbalise une évidence: ce sont de gros canyons avec lesquels il ne vaut mieux pas jouer, si l’un de nous ne le sent pas, c’est pas grave de faire demi-tour, ou un seul des deux!

On arrive au parking de Dormillouse vers 9:40, pas de soleil, il fait 10°C, l’ambiance est donnée. La vue est superbe, mais le nombre de voitures garées nous inquiète un peu, il va y avoir du monde. Beaucoup de monde. En discutant avec les canyoneurs, il s’avère que c’est le jour des qualifications Grande Course pour les futurs pro, du CREPS de Montpellier. Bah, on fera avec. On espère que ils nous laisseront passer.

Les Oules de Freissinière

On s’équipe en 4e vitesse, puis marche d’approche vers les Oules. Nous dépassons un groupe sur l’approche, on s’équipe et puis plongeons dans l’eau. C’est un canyon très aquatique qui s’offre à nous, et sa réputation & difficulté est clairement méritée: les 4 premiers obstacles (Toboggans de 4 et 10m, saut (technique) de 3 et 2m) sont obligatoires, pas un seul point à l’horizon. Ça pousse, drosse et l’eau n’est qu’à 6°C. Ambiance.

Nous rattrapons rapidement un groupe au niveau d’un toboggan offrant un fort drossage à l’arrivée. On discute 2’ avec le pro, et convenons de se dépasser sur les prochains obstacles. Petite incompréhension sur la technique à utiliser pour sécuriser le dernier, on prend un peu de retard. Nous rattraperons finalement le groupe au niveau du prochain toboggan, qui semble impraticable au vu du drossage à l’arrivée et que nous évitons comme le groupe en rive gauche. C’est l’occasion ou jamais, on prend un arbre différent pour retourner dans le canyon afin de les doubler à ce niveau.

S’ensuit un enchaînement de petits sauts, cascades et toboggans. Nous rattrapons un autre groupe du CREPS 2 cascades avant le fameux “coup de canon”. Ils vont s’arrêter faire une pause, une partie de l’équipe étant fatiguée. Ils nous laissent gentiment passer sur leur corde. La vasque est belle, mais la nage est longue avec un léger contre-courant qui a tendance à emmener les kits là où on ne veut pas aller. Nous arrivons alors au clou du spectacle: le “Coup de Canon”, ou Geyser. C’est une cascade dont le jet part à l’horizontal pour aller se fracasser sur la paroi en face, créant une pluie battante permanente le long de la descente. Mateo est peu rassuré par le spectacle, aucune communication visuelle n’est possible, les sifflets passent peut-être. Le topo indique une vire à prendre à 3m au-dessus de la vasque, mais impossible de la voir de là haut.

Mateo s’élance donc dans cette pluie, une fois la corde molle, je le rejoins. Il a trouvé un vieux point rouillé qu’on utilise afin de s’extraire de cet enfer mouillé et glacé. La capuche est plus que nécessaire pour rappeler la corde. Il y a 2 nouveaux points de main courante juste derrière une lame rocheuse, le temps que j’arrive, elle est posée ainsi que la corde de descente dans une nouvelle vasque à fort drossage.

Matéo descend en premier, on fait passer les kits en tyrolienne, puis je le rejoins, le kit de main courante accroché à mon baudrier. Une fois la corde ravalée, je veux prendre ce minikit, qui est le haut du kit de Matéo pour le remettre en place, et là, c’est le drame. Le mousqueton était ouvert, il tombe dans la veine d’eau et j’ai à peine le temps de crier qu’il est parti dans la vasque suivante. Malheureusement, il n’est pas flottant. Une fois en bas, je tente d’aller le rechercher au fond de la vasque, je le vois au loin à l’aide de la frontale, mais le froid, le courant et la profondeur m’empêchent de l’atteindre. Sorry Matéo!

Les dernières cascades ne posent pas de problèmes, des sauts et des rappels simples nous sortent vite de ce canyon où on retrouve le soleil. Retour au parking vers 13h50.

Chichin

Juste le temps de manger un morceau, se sécher un peu, prendre le soleil et quelques infos de ceux qui sortent de Chichin, nous entamons la seconde marche d’approche de la journée vers 14h40. Nous savons que Chichin est bien engravé, nous décidons de shunter les premiers obstacles qui ne sont pas majeurs, surtout avec une couche de gravier dans les vasques. Nous rentrons donc au pont de pierre. On compte les obstacles afin de savoir qui équipe la grande verticale finale, une seule corde étant suffisamment longue pour la dernière section. D’après le topo, il y en a 12 depuis le pont, nous en comptons 15 avant la dernière verticale. Quelques toboggans passent, mais nous mettons bien plus la corde qu’aux Oules. Malgré le faible fond, certains bas de verticale poussent fort!

Puis nous arrivons au final, après une confusion des cordes (la cascade qui devait faire 8m en faisait 25…. ) nous arrivons au clou du spectacle de ce second canyon: la queue de cheval, où l’eau prend un toboggan pour s’envoyer en l’air et arroser la cascade d’une pluie fine. Matéo équipe la première partie, je vais équiper le frac. Mais en arrivant au niveau de jet qu’il va falloir traverser, je vois une corde, je bug. Je me longe à un relai hors d’eau pour réfléchir un peu, il ne s’agirait pas de faire des bétises avec cette puissance de la nature. Pas le droit à l’erreur. Une fois mentalisé ce qu’il fallait faire, je descend à l’endroit où traverser, attaché au bout de la corde je traverse d’un saut la veine d’eau. Ouf, je suis de l’autre côté!

Il y a une corde avec un 8 de chaque côté du relais. Sûrement une équipe précédente qui n’a du coup pas su la rappeler. Effectivement, ce n’est pas Matéo qui me rejoint, mais un membre de ladite équipe qui vient me confirmer l’erreur et venait récupérer sa corde. Une fois tout le monde au frac, on descend tous sur les cordes déjà en place. Petite photo devant cette magnifique cascade de Dormillouse, puis retour au parking 18:10.

Retour à la réalité

Nous avons des étoiles plein les yeux après ces deux très belles courses dans un superbe cadre, on remballe vite, il y a de la route. Petit débrief, oui, c’est vraiment deux courses techniques, mais qui valent vraiment la peine de faire la route et d’affronter le froid. Nous rentrons chez nous, fatigués mais heureux. Nous prenons le temps de faire une pause au col du Lautaret, où un beau coucher de soleil nous attend. Nous passons ensuite devant le prochain canyon à cocher, le torrent du Gâ!

Topos:

http://alpes-guide.com/sources/topo/fiche.asp?pitineraire=273

http://alpes-guide.com/sources/topo/fiche.asp?pitineraire=272

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