Les Saints de Glace en prévision de la nouvelle fin du monde


15 octobre, 18h14, permanence du GUCEM.

Une vingtaine de personnes font la queue devant la porte, bien espacé.e.s, bien masqué.e.s. Guère de têtes connues, les mails des sorties proposées précisaient pourtant pour personne ayant déjà pratiqué… 18h30 pétante, Thomas sort la tête du local. « Vous venez tous pour la spéléo ? » Réponse affirmative de l’assistance. Bordel, ils ont bouffé quoi ? Depuis quand le reste du monde aime la spéléo ?

Avec cette saleté de masque, même plus moyen de décocher un sourire ultra brite certifié colgate pour charmer le respo, y’a fallu s’en remettre à la chance, cette grognasse… Ni une, ni deux, je me choppe la dernière place pour la sortie de dimanche. Direction : les Saints de  Glaces, dans le massif du Vercors. Au programme, la salle Hydrokarst et les marmites. Le rendez-vous est donné à 7h30 pétante le 18 octobre.

Dimanche matin, à 7h30 ± 20 min : « P****, c’est pas cool d’arriver en avance ! » nous lance Thomas qui vient de freiner devant le minibus. Règle n°1 : Quand le chef a tort, il a raison d’avoir tort.

Après quelques péripéties numéraires d’usage (un P9, un P11, on a une corde de 30, non 14, tiens elle fait 75 celle-ci ?), Romain, Thomas, Lolita, Jean-Baptiste, William, David et moi-même (votre serviteur, Émeline) partons pour Autrans. Réveillé.e.s par la conduite pour le moins sportive de Romain, nous préparons les kits avec beaucoup plus de lucidité (!). Dans la voiture, William nous raconte le dernier secours spéléo qui a eu lieu aux Saints de Glaces. « … y’avait un groupe qui traversait, et un autre qui faisait l’aller-retour et un groupe – des “potes” à Manu – qui traversait aussi et devait aussi utiliser les cordes installées par le groupe qui faisait l’aller-retour… » C’est beaucoup trop long à raconter, cette affaire.

La marche d’approche est deux fois plus longue qu’aux Eymards, c’est dire ! En plus, il faut débâcher l’entrée de la cavité et ouvrir une trappe qui empêche l’eau, la neige, les blaireaux (sous toutes leur forme) de rentrer dans notre milieu confiné préféré : les grottes souterraines.

La descente commence. Kit dans une main, topo dans l’autre, Thomas et Romain rivalisent dans la psychorigidité de l’équipement. Quand la perfection est atteinte, nous continuons notre progression. Un P9, P11, des méandres pour animer tout ça puis arrivée à la patinoire… pardon, l’ascenseur.

Attention, ça glisse ! Heureusement, une corde a été installée très en évidence pour empêcher les gens de se refaire le coccyx et de se perdre : « Vous savez, l’année dernière, lors d’une sortie club avec des débutants, un groupe avec des débutants je veux dire, et un autre groupe qui faisait l’aller-retour et qui équipait la remontée pour le groupe qui traversait, celui avec les débutants, et pour un groupe avec des “potes” à Manu… » Bordel, on n’a pas fini de l’entendre celle-ci. Et toujours pas de la comprendre…

Suite à tous ces beaux moments de découverte, nous arrivons à la salle Hydrokarst à -220 m. Ça nous  change des méandres ! Il y a une cascade et une rivière (pipiiiiii !), des surfaces planes (mangeeeeeeer !) et de l’espace (ma tête ne touche pas le plafond, incroyable). Bref, que des trucs pas croyables.

Salle Hydrokarst

Nous nous installons pour le casse-croute et le Tea Sugar Time. Romain mâche son sandwich : « On vous a parlé du dernier secours spéléo l’année dernière ici ? » Seigneur(esse)… « Alors il y avait un groupe du GUCEM qui faisait la traversée et un autre qui faisait l’aller-retour par le TQS et qui devait équiper la remontée pour le groupe qui traversait – et qui sortirait par où le groupe qui faisait l’aller-retour était descendu… » Autant vous dire qu’on a toujours pas compris ce qui s’était passé dans ce secours spéléo.

Après le repas, nous faisons un crochet vers les Marmites, pas mal remplies d’ailleurs, et presque aussi jolies qu’un gour. Ça donne évidemment envie d’aller plus loin mais il faut remonter, il y a un couvre-feu à respecter.

On met les bouts, Lolita et moi en tête, les filles c’est lent, c’est bien connu. Nous remontons en déséquipant à bon rythme jusqu’au P6 qui a le bon goût d’être associé à une cascade. La déviation est galèeeere. Alors on l’enlève. Et on se fait doucher. Lolita grogne. Je grogne. Les autres grognent, mais on les entend moins, c’est bien connu, ce sont des garçons.

 Flagrant délit de grognage

Jean-Baptiste, David et moi nous (ré)-initions au déséquipement. Le principe est simple : n’enlève pas la corde sur laquelle tu es longé.e. Simplissime ! Et trop bien ! Bientôt le niveau chauve-souris les doigts dans le nez !

Nous ressortons à la surface. Le soleil n’est pas couché, la forêt est incroyablement belle avec ses couleurs d’automne et ses champignons. C’est fou comme c’est coloré, la surface, quand tu remontes des profondeurs.

Résultat des courses : 7h à 7 en équipant/déséquipant, pas mal du tout ! Il ne reste qu’à dévorer le dernier paquet de p’tit Lu au chocolat oublié par la com’ canyon dans le mini-bus, de changer de futal, et d’aller laver le matos au Furon. Heureusement que c’est chaleureux comme activité, la spéléo… !

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