Sortie bénévoles au Garde

La main courante acrobatique dite “à tendance un peu merdique” quand la lampe frontale te dégringole sur la figure en plein milieu !

Ils étaient minces, ils étaient beaux, ils sentaient bon le sable chaud,

Preux dans l’adversité, non loin du Garde, ils s’étaient retrouvés,

Âmes vaillantes, planifiant avec brio depuis des mois leur assaut,

Dans leur coeur, blablabla…

 

… ou presque, hein, n’hésitons pas à enjoliver l’histoire !

 

Bon, en vérité, ce fut bel et bien dans l’air frais et matinal du campus que nous nous retrouvâmes, en ce 8 mars, à 8h, attendant de concert l’arrivée du Messie Thomas qui lui, savait tout de l’histoire. Apparemment, la perspective de faire de la natation à contre-courant dans les méandres de Gournier avait eu raison du plan initial, et c’est donc “en Savoie” que nous allions nous diriger.

 

Après avoir récupéré des cordes, des combis, des cordes, des kits, et encore des cordes, nous nous lançâmes vers La Féclaz, le coffre plein à ras bord de matos et les ventres tout aussi pleins des viennoiseries de l’attentionné Steph. Le trajet en voiture fut l’occasion de faire connaissance avec nos valeureux compagnons d’aventure (ça rime, donc c’est vrai !) : Thomas l’expérimenté aux mille histoires à conter au coin du feu, Clément qui souhaitait se prélasser dans un bain de mondmilch pour baptiser sa nouvelle combi, Steph qui lui, aurait bien préféré faire du 400m nage libre dans les torrents de Gournier, JB qui trouvait que les cordes de 8mm, c’était un peu trop épais quand même, et Solveig qui cherchait non sans peine à paraître très assurée dans sa manière de faire des noeuds de chaise double.

 

Thomas nous conta alors quelques anecdotes sur le Garde : des rivières souterraines, un vaste réseau avec plusieurs traversées possibles (Garde-Cavale, Perrin-Cavale), de l’exploration encore en cours, avec notamment deux parties qui semblent se rejoindre… et qui attendent sagement que des plongeurs s’aventurent dans les siphons (iiiiiirk !) pour confirmer la jonction.

 

Absorbés par les histoires, nous fûmes bien vite arrivés sur le parking entre les skieurs et les chiens de traîneau. Après avoir enkité les cordes et survécu à la très très longue marche d’approche de 10 min sous les encouragements du public de la course de ski de fond, le puits et la grille d’accès furent dénichés entre les tas de neige.

 

La première corde fut bien vite installée -en moins d’une heure ! si, si !- (“heu, mais sur un barreau, comment tu fais du coup, avec la dyneema ?”), ce qui permit à tout le monde de descendre promptement à l’abri dans les profondeurs terrestres. Heureusement, car le ciel “tempétueux” était d’un bleu profond et que le soleil illuminait la neige entre les sapins !

 

Le Garde était déjà équipé par de belles cordes colorées, hormis la fameuse première corde du début. Nous n’avions plus qu’à profiter : mains courantes plus ou moins acrobatiques, méandres, boue, puits, escalade et désescalade, le Garde nous gratifia d’un paysage varié qui nous permit de revoir de nombreuses techniques de progression. Et à l’apprentie encadrante, d’apprendre comment les enseigner. Et au tout récent initiateur, d’apprendre à l’apprentie encadrante à les enseigner. (Bon, ok, on s’arrête là.)

 

La main courante acrobatique dite “à tendance un peu merdique” quand la lampe frontale te dégringole sur la figure en plein milieu !

La main courante acrobatique dite “à tendance un peu merdique” quand la lampe frontale te dégringole sur la figure en plein milieu !

 

Thomas en profita pour nous partager quelques enseignements de sa formation d’initiateur. Parmi eux, quelques petits détails qui peuvent beaucoup aider en spéléo : ces attentions portées à autrui comme se parer mutuellement dans les pas d’escalade, quitte à caler à la main les pieds du spéléo en détresse dans les prises pour le rassurer.

 

Puis, au cours de notre progression, le Garde nous gratifia de grands volumes et de beaux puits qui, dans leur incommensurable bonté, nous offrirent une douche rafraîchissante. Nous nous arrêtâmes (si si, ça s’écrit comme ça !) finalement à un embranchement, dont l’une des branches se poursuivait dans une glaise rouge très esthétique mais fort glissante.

 

Le point chaud fut installé à grands renforts de créativité pour nouer les ficelles permettant de le faire tenir debout. Tout le monde s’y glissa avec un plaisir non dissimulé. S’en suivit un joyeux moment où furent partagées les denrées plus ou moins chahutées dans les kits. Nous avions là du pain, du houmous, du saucisson et du chocolat, nous nous réchauffions et attendions que le thé daigne être prêt, les pâtes de Thomas avaient déclaré leur indépendance et s’étaient enfuies dans le sac étanche, et Clément avait ramené des “petits écoliers”. Bref : nous étions à -196m, et nous étions plutôt bien installés !

 

Alors, vous comprendrez notre désarroi quand nous nous rendîmes compte que nous allions devoir quitter ce doux foyer ! Un orteil timidement glissé hors de la tente finit de convaincre Clément que c’était quand même mieux, ici, et que finalement, il était peut-être envisageable de rester dans cet accueillant cocon avec le thé et le réchaud. Prenant notre courage à deux mains, nous parvînmes finalement à replier bagage. Et ce fut parti pour un retour en fanfare, enfin presque : peu à peu, les pas se firent moins alertes. Enfin, pas pour Thomas, qui conçut dans le plus grand secret un plan machiavélique de manière à entraîner les quatre compères aux réflexes de secours. Cependant, ses intentions maléfiques furent de courte durée : dans un moment de poésie, ce dernier s’aperçut avec lucidité que, je cite, “merde, il est déjà 16h !”. A bas le plan machiavélique, on rentre au bercail !

Passant la seconde, les remontées sur corde furent avalées une à une, Thomas doublant les cordes des puits pour gagner du temps : en plus de permettre à deux personnes de monter en parallèle, la deuxième corde, moins élastique que celle à demeure, rendait la montée plus aisée pour les muscles déjà las et fatigués.

 

Mais le Garde s’étirait de tout son long, étendant impassiblement ses verticales et s’amusant de ses passages étroits nécessitant maintes contorsions. Certains se battirent courageusement aux passages de dev, d’autres acceptèrent platement le taux d’humidité croissant de leur combi en priant intérieurement pour que leur polaire ne se transformât pas en éponge. Nous nous arrêtâmes à nouveau et fîmes du thé pour regonfler le moral des troupes. Et, s’il vous plaît, du thé sucré ! Oui, alors je vous vois venir avec vos gros sabots : le thé sucré, c’est autorisé car déjà, le blasphème n’existe pas sous terre, et puis en plus, ça nourrit. Quant au goût, eh bien cessez donc de geindre, ça nourrit qu’on vous dit !

 

La chaleur du thé ayant renouvelé l’énergie des troupes, le groupe reprit son ascension vers la lumière au bout du tunnel, à l’aide d’un astucieux système d’échange de kits permettant d’équiper les puits en double sans jamais trop s’arrêter. Aussitôt une corde déséquipée, le kit était transmis à Thomas qui menait la danse devant, passant religieusement de mains en mains (le kit, pas Thomas !). Qu’est-ce que c’est beau, le Fordisme !

 

Et nous fûmes enfin de retour devant le dernier puits à remonter. Mais le Garde avaient les dents longues et veillait sur son entrée avec méfiance : et voilà que sur les derniers visiteurs, s’abattit une pluie de stalactites gelées. Cela permit d’offrir la dernière leçon du jour : en spéléo, toujours penser à briser la glace avant de descendre :).

Steph dans un contre-jour très artistique avant la dernière remontée sur corde

Steph dans un contre-jour très artistique avant la dernière remontée sur corde

Le retour en voiture fut (très légèrement) moins animé qu’à l’aller, mais nous eûmes toutefois le droit à des derniers conseils sur les secours en spéléo, et sur le nécessaire à toujours avoir sur soi. De plus, nous avions pris grand soin à reproduire la configuration du trajet aller : le coffre, par un miracle quasi divin, était encore plus rempli qu’au début de la journée, et les ventres, tout aussi remplis de gâteaux et restes de repas grâce à l’inévitable 4ème goûter de sortie de grotte.

 

Puis, le temps s’arrêta en même temps que le moteur de la voiture sur le familier parking de la perm. Étendre les cordes, faire sécher la tente, puis enfin, se doucher et se reposer. Et voilà comment profiter d’un beau dimanche sous le soleil !

 

Merci à tous !

 

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