Comptage de chiroptères au scialet Robin


Le 08 février au soir, ce n’est pas sous terre que se réunissent les spéléo du GUCEM, mais au local de la piscine… pour s’instruire ! et oui, ce soir nous allons beaucoup apprendre sur nos compagnons de sortie plus ou moins présents ou visibles: les chiroptères (ou chauve-souris). Céline Le Barz, écologue spécialiste des chiroptères et spéléologue, est venue nous présenter ces petits êtres et nos interactions avec en spéléo. La conférence est passionnante. On apprend que les chiro peuvent être en apnée durant 90 min, que malgré l’hibernation ils peuvent se réveiller tout de suite en pleine forme, que leurs déplacements se font surtout grâce aux ultrasons, qu’ils peuvent migrer des centaines de kilomètres, etc. On tente de mémoriser et reconnaître les différentes espèces (pas facile !). S’il y a bien un message à retenir en tant que spéléologues, c’est qu’il faut éviter de visiter les grottes où de nombreuses chauves-souris hibernent. Si toutefois on en rencontre, il faut tâcher d’être discret, ne pas rester à proximité, et si la chauve-souris n’est plus accrochée tête en bas, tenter de la raccrocher. Aussi, le site du CDS 26 (et bientôt celui du CDSD 38 on espère) signale sur son site internet quelles grottes éviter en période d’hibernation. Pour le moment, seul le scialet Robin est mentionné.

Petit rhinolophe au scialet Robin (photo: Céline le Barz)

Et justement,  un comptage au scialet Robin a lieu le 26 février avec Céline ! Pour une fois je suis réactive au mail, pour participer à ce suivi qui permet de comparer d’une année à l’autre la population de chiroptères. Le scialet Robin abrite la plus grande colonie de petits rhinolophes connue de Rhône-Alpes: 206 en 2016.

Le jour venu, RDV à 8h à Saint-Jean-en-Royans, car la journée promet d’être longue. Nous sommes 7 compteurs de chiro: Thomas, Gauthier, Chris, Tim, Ménile, Céline et moi. Nous rentrons sous terre entre 9h et 9h30, sachant qu’une super organisation avait eu lieu les jours précédents: la cavité a été équipée et les places pour se garer déneigées, au top. Jérôme reste en surface pour assurer la sécurité de la sortie.

La cavité commence par un enchaînement de petites verticales où nous rencontrons les premiers petits rhinolophes. Vient ensuite le fameux Jacques’potes, magnifique puits de 140 m. On a déjà repéré 45 petits rhinolophes, et un oreillard. On pendule vers une lucarne et on entre dans la partie plus horizontale du réseau. Il faut faire attention à ne pas déranger les chiro, alors on n’a pas beaucoup crié dans les puits, et ensuite, nous avons progressé bien discrètement. La grotte est magnifique, très concrétionnée. La salle Blanche vaut le détour, nous passons devant de magnifiques “soldats de calcites” et “dents de cochon”, tandis que le comptage avance. Nous avons également 5 murins à oreilles échancrées et 1 oreillard au compteur.

Soldats de calcite (photo: Céline le Barz)

Nous poursuivons à travers le Labyrinthe en direction de l’escalade des Choux-fleurs, et c’est en haut de celle-ci vers 13h que nous faisons la pause repas. Enfin repas, festin plutôt ! Thermos pleins, Pepsi, méga repas, il y a de quoi partager et alléger les kits. Ménile nous quitte pour honorer sa fondue du soir tandis que nous élaborons la stratégie pour la suite du comptage.

En prenant la galerie Avalamont en direction du puits des Assiettes nous ne sommes pas sûrs que les deux galeries parallèles jonctionnent alors nous décidons de repartir ensemble, en commençant par la galerie la plus étroite et en abandonnant quelques kits et baudriers. Au bout de 55 chiro, nous arrivons à un collecteur, puis la salle du Lac augmentant de 10 encore le compte. Nous faisons le retour par l’autre galerie Avalamont, plus large. Nous croisons la galerie menant à la Paléosalle. Au départ Céline et moi pensions les attendre car le parcours peu large ne semblait pas nécessiter d’être 6, puis comme nous ne voulions pas avoir froid et que nous étions curieuses de voir si cette partie de la cavité était aussi belle que le reste nous les avons rejoint. Nous avons bien fait puisque l’aragonite était toujours présente qu’une rivière de calcite nécessitait même que l’on se déchausse.

De nouveau tous ensemble, nous nous engageons dans le Labybis. Tiens une bobine de fil de balisage posée contre un rocher. Chris la prend et on débat de s’il faut la remonter ou pas, on papote, et au moment de la reposer, oups ! un petit rhino accroché au rocher, autrefois caché par la bobine ! comme quoi, il faudrait vraiment inspecter chaque petit recoin… Notons aussi que trouver les chiro parmi un fond marron tachetés de noir et blanc, ça fait un peu loucher un bout d’un moment ! Autant chercher une aiguille dans une meule de foin.

Levez la tête, vous verrez peut-être un petit rhinolophe ! (photo: Céline le Barz)

Nouveau point topo, des petits rhinolophes sont intégrés au décor suspendus aux ficelles de balisage. L’accès à la salle Bloc est peu engageant, puisqu’il faut se suspendre dans une chatière sans visibilité pour les pieds à poser un peu loin (“encore 15 cm ! 10…” ça fait combien converti en taille minimoys?). Bref, Céline et moi préférons rester prudentes, alors on laisse les Batmen aller explorer la cathédrale, la salle Hop, le puits de la Boue, l’anus à Pierre et la Grande Coulée sans nous.

Aucun regret d’avoir fait demi-tour face à ces salles aux noms si charmants, puisque nous en profitons pour aller dans la galerie des Manchots et son couloir direction cloche de la Rubalise. Va-t’on les rejoindre par cet autre chemin qui va vers les mêmes salles que les garçons ? Eh bien on n’aura pas eu l’occasion de savoir: après les magnifiques fleurs d’aragonite ce sont les magnifiques concrétions de calcite qui prennent le relai, et nous ne pouvons pas franchir un couloir tapissé de cristaux en dents de cochons, c’est juste bien trop beau pour se permettre d’abimer quoi que ce soit. On revient avec 26 petits rhinolophes comptés, les garçons 35.

Cristaux d’aragonite (photo: Céline le Barz)

Enfin, nous finissons par le meilleur, la galerie de la Neige. Celle-ci avait déjà été favorable à l’hibernation des petits rhinolophes lors du dernier comptage, et cela s’est confirmé. Parmi les sublimes concrétions d’aragonite et de calcite (d’où le nom de la galerie), nous devons faire attention à ne pas poser nos mains sur des chiroptères puisqu’ils sont un peu partout, y compris à hauteur de main et de pieds. Par endroits, on engage un compteur allant seul devant, puis nous le rejoignons plus rapidement sans compter car sinon nous resterions trop longtemps trop nombreux à proximité des chauves-souris et nous risquerions de les déranger… 161 petits rhinolophes pour cette seule galerie de 200 m seulement !!!

Cette incroyable galerie nous ramène à l’escalade des Choux-Fleurs, pause manger, et maintenant, fini le comptage, on remonte ! On sort aux alentours de minuit, avec la plaisir de retrouver Jérôme qui nous attend avec boissons chaudes et gourmandises (merci !). 15h sous terre ! J’en retiens aussi que c’était une sortie CALME: on chuchote au lieu de crier, on avance doucement et délicatement… ça change !

Bilan après vérifications: 501 chiroptères dans la cavité, dont 491 petits rhinolophes, et on ne les a sûrement pas tous vu…

Merci beaucoup pour cette sortie magnifique et super intéressante ! et attention aux chiro quand on fait de la spéléo en hiver…

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