Stage PSMI : les gestes qui sauvent quand on n’est pas sur le bord de la route…


Pendant le weekend des 9 et 10 avril, 3 membres de la com canyon (William, Antrea et Adrien) sont allés faire baisser la moyenne d’âge au stage de formation des gestes de premier secours en milieu isolé (PSMI). Cette formation organisée par Vincent (merci !) du Alpine Canyon Club de Séchilienne fait partie des formations régulièrement proposées par la fédération française de spéléologie. C’est l’occasion ici de vous présenter le contenu et surtout ce qu’on a pu en retenir !

On commence le premier jour par la partie théorique. Les encadrants se présentent (pompier volontaire, BE canyon et spéléo, médecin formé au secours d’urgence en montagne, cadres de la FFS) et introduisent l’objectif du stage : apporter un complément aux formations de premiers secours habituelles pour les pratiques où les secours ne viendront pas tout de suite. Les techniques présentées ici ne sont surtout pas à appliquer « au bord de la route », où les pompiers arrivent en quelques minutes, mais seulement dans un “milieu isolé”, tels le fond d’un canyon où personne ne vous entendra crier ou dans une grotte où les secours arriveront en quelques heures au mieux (quand ils existent et si vous pouvez les prévenir !). Le but étant de donner un maximum de chances, et éventuellement de confort à la victime, pour une longue attente.

Un des supports essentiels est le livret de premier secours, édité par la fédération, qui présente la marche à suivre et les gestes à appliquer en cas d’accident. Il présente tous les gestes de premiers secours “classiques”, ne nécessitant que de savoir lire le manuel (mais les avoir pratiqués lors d’une formation PSC1 peut s’avérer vachement utile); ainsi que ceux nécessitant une formation spécifique (médecin ou cette formation),qui vous ferait condamner pour usage illégal de la médecine au supermarché du coin, mais peuvent sauver des vies dans un canyon ! Les formateurs rappellent les gestes habituels (mise en PLS, pansement d’une plaie…) et les pratiques spécifiques au milieu isolé : prendre le temps de la réflexion (dans un secours spéléo, on n’est pas à 10 minutes près…), faire un bilan « médical » de la victime pour mieux donner l’alerte, mettre en place un point chaud, préparer une trousse de secours adaptée… Car une fois l’équipe partie donner l’alerte, ils ne pourront plus récupérer d’informations supplémentaires sur la victime!
Les formateurs insistent en particulier sur deux points : la gestion de l’hypothermie et les réductions de fractures. L’hypothermie est en effet l’un des plus gros risques : une victime va se refroidir très vite et si ses blessures ne sont pas fatales, l’hypothermie peut l’achever plus sûrement, elle et les autres membres du groupe. D’où l’importance de la réchauffer, et de mettre un maximum de gens au sec et au chaud.

Des conséquences plus directes de l’accident peuvent nécessiter d’effectuer des gestes médicaux (nécessitant une formation spécifique!) afin de donner toutes les chances à la victime. Nous, pauvres mortels, ne sommes pas censés faire dans la vie de tous les jours. Mais dans un milieu isolé et en préparation d’une longue attente, cela peut atténuer la douleur et faire en sorte de sortir le copain vivant!

Si il y a suspicion d’un trauma au niveau du rachis (colonne vertébrale pour les non-médecins), il faut être particulièrement précautionneux : réaligner la tête avec le tronc et maintenir cet alignement (si possible avec une attelle) pour éviter toute séquelle grave voire mortelle! Dans le cas des fractures avec déplacement, réaligner et immobiliser le membre blessé, ainsi que la traction faite lors du réalignement peut atténuer la douleur. Après la pause déjeuner, place à la pratique ! On effectue quatre ateliers différents pour apprendre ces gestes qui sauvent un peu spéciaux :
Le retournement d’une victime et la mise en PLS en respectant l’alignement tête, cou, tronc
Le relevage et brancardage de blessés, en utilisant kits, sangles, baudriers, le coéquipier d’à côté, bouts de bois, fémurs de vache… bref, à peu près tout et n’importe quoi
La réduction de fracture de la jambe et du rachis, et la pose d’attelles pour le maintien d’un membre ou du cou.
La mise en place d’un point chaud efficace (enfin à peu près… y a pas autant de vent sous terre normalement !) pour attendre les secours

Enfin, le lendemain, nous nous sommes rendus à la carrière de l’échaillon pour des mises en situations plus proches de ce que l’on serait amenés à faire. Répartis en équipes de 6, on doit simuler la réponse à un accident en spéléo ou canyon. La première mise en situation est bénigne (ou « izy peazy » dans le jargon) : suite à une glissade, on suspecte une fracture sur le bras gauche de la victime. Après l’avoir réchauffée, immobilisé le bras et vérifié que le reste allait bien, on décide de l’évacuer en auto-secours.

La seconde mise en situation est beaucoup plus délicate : on tombe sur une canyonneuse isolée dans un canyon. Dans une vasque, le casque fracturé par une chute de pierre, elle a vraisemblablement un trauma crânien, du rachis et à l’épaule. Elle est désorientée et son état se dégrade vite… Idéalement, il aurait fallu immobiliser le cou de la victime avant de la mettre dans un point chaud, y poursuivre le bilan complet et prendre le temps de remplir une fiche accident. A partir de là, une équipe attend sur place les secours en surveillant la victime pendant qu’un autre groupe prend la route pour donner l’alerte. Dans les faits, on a plié le cou de la victime dans tous les sens (meilleur moyen de finir le boulot en cas de section de la moelle épinière) avant de la mettre à l’abri sur un caillou froid… D’où l’intérêt de ce genre de formations, un vrai secours ne s’improvise pas, et il est possible de faire pire que mieux en y allant au feeling!

Bref, les mises en situations sont plus dures et finalement assez stressantes (on s’y croirait presque !). On voit à quel point le manque de partage des tâches dans la panique et en particulier, l’absence d’une personne qui prend le temps et le recul nécessaire pour faire les bons choix avant de toucher à tout peut coûter cher…
En conclusion, un stage super utile où l’on apprend beaucoup, même pour ceux qui avaient déjà un diplôme fédéral ! On espère ne jamais avoir à mettre en pratique tout ce que l’on a vu, et dans le cas contraire ne pas achever notre victime comme lors de la simulation (désolé Noémie, repose en paix !). Il ne manque plus qu’à pratiquer ce que l’on a appris (enfin, faire des exercices!) et transmettre l’envie de se former aux autres membres des com’ canyon et spéléo.

*** Aucun mannequins en plastique n’a été torturé au cours de ce stage ***

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *