Le dièdre oublié 1


Nom de la voie

Après s’être initié à Comboire, entraîné aux Vouillants, il était temps de planter le décor comme dit Sylvain ! Direction Presles pour s’essayer dans la voie Dièdre Oublié et passer notre première nuit en falaise pour certains, planter nos premiers pitons pour d’autres ou finalement juste prendre le temps d’être en falaise ! L’équipe se compose de Sylvain, Clément, Maxime, Oscar, Hugo et Quentin, dans respectivement deux cordées de 3.

Tout commence donc par un rendez-vous matinal (7h) à la permanence pour faire les kits, choisir méticuleusement le nombre de pitons, friends, mousquetons et quantité d’eau pour nos deux jours sans toucher le sol.

Objectif de la première journée, atteindre la vire pour poser le bivouac et si on a le temps fixer la première longueur après la vire, qui sera le crux de cette ascension avec un bon A3/A2 annoncé. Ça commence mal dès la marche d’approche car la moitié du groupe cherche un chemin à droite alors qu’il fallait prendre la première à gauche, à retenir que lorsque Sylvain dit “à gauche “ ça peut vouloir dire “à droite” (ou bien à gauche, ça dépend des fois)… Cette fois-ci la gauche signifiant bien la droite. Bref après quelques tergiversations et considérations sur ce qui différencie la droite de la gauche on atteint la vire des chèvres, au pied du secteur de Buis, prêts pour s’équiper et se lancer dans la grimpe.

Topo de la bête, voie numéro 2 : Dièdre oublié ED 220m, 8L, 7a/A3/A2 (6b)

L1 : 7a pour le départ avec traversée

Sylvain part dans la première longueur, un peu exposée et surtout dans un caillou douteux. Moyennant un petit arrangement avec l’éthique le premier point est mis à la perche pour assurer le coup et c’est parti ! Après une courte traversée, on attaque enfin le dièdre. La qualité du rocher est très aléatoire, et il faut bien faire attention à ne rien envoyer sur la cordée de dessous. R1 (relais n°1) est royal, il y a même moyen de s’asseoir ! Derrière la première cordée composée de Sylvain, Clément et Maxime on retrouve dans les starting blocs la deuxième cordée, aka Quentin, Hugo et Oscar. C’est Quentin qui réussira à grimper cette première longueur, et leur permettra à leur tour de rejoindre le premier relais. Au premier relais, la deuxième cordée se rend assez vite compte que hisser un sac pour deux jours en parois avec 18L d’eau c’est plus efficace qu’une session fitness à espace viking.

Départ de R1 pour le sac !

Quentin dans L2 sur la corde statique

R2 très bien rangé, entre relais pour sac et grimpeurs

Pendant ce temps, du côté de la cordée de pointe, la deuxième longueur est avalée par Clément.
Je remonte sur la corde statique, avec le petit moment émotionnel au moment de débrayer le sac sous moi. J’ai l’habitude des stats en spéléo, mais un sac de hissage dessous ça donne quelques frissons. J’espère juste que les protections de cordes évitent bien les frottements !

Derrière, c’est Hugo qui fait cette magnifique longueur en tête et Oscar sur la stat. Premier hissage de sac de la journée pour moi, il commence à faire chaud et on se rend vite compte également du côté de la première cordée que le hissage peut être plus physique que la grimpe !

La troisième longueur est très sympathique, grimpant avant d’arriver dans une fissure protégeable sur gros friends. Il fait chaud mais c’est rassurant de toucher du caillou solide et de placer de bonnes protections. Le style est intermédiaire entre le libre et l’artif pour mon niveau, mais Oscar enchaînera tout en libre ! Les deux cordées commencent à rentrer dans la routine du week-end, entre grimpe/artif, construction de relais, remontées sur corde et hissage de sacs.

L3 et sa fissure grandiose

Pour la longueur suivante du côté de la première cordée ce sera Clément qui grimpera en tête, avec un départ au-dessus du relais qui n’est pas évident et qui demande de bien tester ses crochets goutte d’eau avant de trouver le bon ! Heureusement, on voit le gros genévrier thurifère qui indique la vire du bivouac et la fin de journée. Ça va faire du bien de se poser après tout ce soleil. Mais pas tout de suite, car il faut d’abord négocier la sortie des sacs de hissage au travers des branches du genévrier. Une fois à la vire c’est au tour de la deuxième cordée de négocier la longueur et le hissage du sac, avant de pouvoir s’installer plus confortablement.

On devine enfin l’arbre qui indique la vire à la fin de L4 !

Oscar à la fin de L4 qui prépare la montée du sac

Repos mérité pour la seconde cordée

Après s’être requinqué à l’ombre avec la fin d’un sandwich et pas mal d’eau, il est 18h quand je pars dans la longueur. Les topos parlent de A3 ou A3/A2, Sylvain donne le ton en signalant qu’il n’y a pas besoin de chaussons…ça va artifer sec ! L’idée, c’est d’aller le plus haut possible avant la nuit, se relayer si c’est trop dur. Je fixe un objectif perso sur un piton qui m’a l’air tout neuf, à la moitié de la longueur avant une partie “dalleuse”.
Les deux premiers mètres sont grapillés sur l’arbre, puis après commence un pitonnage assez répétitif, entre quelques petits friends qui donnent peu confiance. On voit bien les marques des pitonnages successifs, et Clément m’invite à pitonner moins car il devra les enlever. De toute manière j’en ai pas assez. Un premier spit de 8 sert de balle neuve, et sinon je dois recycler des friends pour me ravitailler car il me faut plusieurs fois la même taille. Un instant, j’entend un autre grimpeur pitonner, je ne suis pas seul, ça rassure…avant de comprendre que c’est l’écho de la paroi à ma gauche.
Le temps s’allonge et arrivé au piton que j’espère providentiel (je pense abandonner et descendre) malheur ! En le retapant je me rends compte qu’il s’enlève à la main. Le demi-tour se complique, je dois finir la longueur dont je devine le relais. Sylvain m’encourage et avec un autre spit de 8 en ligne de mire, je finis 5m en dessous du relais. La roche s’incline suffisamment et je peux monter en équilibre sur les dernières marches des étriers, progressant plus vite. Je finis avec les pieds au niveau d’un bon crochet, à 10cm de clipper une dégaine au relais. Un dernier micro-friend (Alien noir) et c’est finis. Une longueur éprouvante, la faim au ventre, la bouche sèche et les mollets qui crampent. Je fixe la corde et descend, mon repas m’attend. Je réalise alors que j’ai passé 3h pour une trentaine de mètres, il est 21h.

“Et juste là, un petit piton ! Ouais, ça va être bien. Ça va être très bien même!”

Pang Pong Ping Ping Piing : le cri du piton

Clément peut enfin monter (à la frontale), pour déséquiper les pitons et friends, et fractionner la corde pour la montée du lendemain. Il finit à 22h,  mange et nous avons enfin le droit de nous glisser dans nos duvets. Quelques minutes plus tard, des détonations sortent certains d’entre nous de leur torpeur : un feu d’artifice (on reste dans le thème) était tiré juste en face de la vire. Génial! On a même pensé que c’était pour nous récompenser de nos efforts. Après investigations (à partir d’un azimut et d’une distance approximatifs), il semblerait que ce spectacle était plus probablement destiné au mariage de Julie et Ronan au Domaine de la Chartrognière (Saint-Thomas-en-Royans). On ne les connaît pas mais on les remercie chaleureusement.

Déséquipement sous la lune, autour de 21h30

Après un réveil et un petit déjeuner efficace, la journée commence par remonter sur les statiques, et laisser la place à la seconde cordée. Quentin peut attaquer l’artif sérieux et j’essaye de lui transmettre quelques tips pour gagner du temps. Il ne mettra que 1h40, comme quoi dormir avant de grimper ça aide !

Vérification du cablé à grand coups de marteau

Deuxième cordée qui finit L5 avec Oscar qui déséquipe dans le fond

Pendant ce temps, Clément était en tête au-dessus (L6), dans un artif un peu étrange (A0), le long d’une fissure qui protège bof et d’anciens pitons espacés. Il tentera encore de progresser sur crochets, l’occasion de tester qu’un piton rouillé tiens la chute ! Pour la deuxième cordée c’est Hugo qui grimpera magnifiquement cette longueur, alternant entre un départ en artif et une fin en libre sur un rocher pour le moins croustillant.

L6, ses vieux pitons et son presque vol

La dernière longueur est faite par Sylvain, avec une traversée en 6b+ bien ambiance avant de finir dans le haut de la falaise de Presles. Il ne faut pas se relâcher à ce moment car la roche redevient fragile et ce serait bête de finir avec un caillou sur le casque.

La première cordée sort à 14h, on est tabassé par le soleil. On prendra notre mal en patience, conscients que les copains dessous sont en train de grimper par la même chaleur. Un camp de fortune avec une couverture de survie nous fournit un peu d’ombre. On accueille Oscar qui fermait la marche à 16h.

Oscar qui sort, chargé de deux cordes et du dernier matos

Camp de base ?

De là, retour hâtif à la voiture, l’ombre et la fraîcheur. Un débrief et tri de matériel dans l’herbe et ce sera fini.

Pour résumer, ce fut un bon week-end intense en émotions, du temps long accroché au calcaire, les pieds dans les étriers pour certains, dans les gants de fissure pour d’autres, mais toujours au soleil !

Sylvain, grand guide qui nous a préparé cette sortie top !


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