Wk hivernal avec le groupe alpi féminin


Le groupe alpi féminin dans son ensemble s’est retrouvé le 24-25 février pour un wk alpi hivernal, le plan A initialement prevu en Maurienne pour faire de la cascade de glace et du ski alpi a été remplacé (mauvaise condition en glace ou plutôt “elle est où la glace??”) par un plan B (comme Brouillard, Beaucoup de neige, Baudriers, Bredouille, Bretzles, Bières…) pour faire du mixte autour de Grenoble.
Voilà les récits de leurs aventures!

SAMEDI 24/02:
Groupe des Cheese Naäna,

– Pointe du Sifflet, par Emeline:
Le rendez-vous était donné le samedi 24 février, à l’aube plus ou moins 2h, sur le parking du Gucem. Il fait beau, pas de vent, temps clair. Au TOP.
On se tasse dans les voitures avec les sacs, les skis, les piolets, les crampons et les raquettes.
…. Les raquettes ?
Et oui, en ces temps effrénés de toujours plus vite toujours plus loin, quelques irréductibles continuent de pratiquer la marche à pied, lentement, poétiquement, dans une quête spirituelle d’atteindre la sérénité sans passer la seconde.
Ok, je sais pas faire de ski, voilà, c’est tout, j’l’ai dis !
Bref, 7 skieuses et 1 raquettiste s’entassent dans des voitures en direction du parking du Pradert. Le temps blanchit, on sort au milieu d’une horde de pratiquant.e.s de la glisse, il neige, et il y a un p’tit vent.

Nous remontons la piste en direction du habert d’Aiguebelle, c’est l’occasion de constater : a) qu’il est ouvert et qu’il sert des chocolats chauds b) que si vous voulez des infos sur une paire de ski, il y a tous les modèles disponibles autour de nous et leur propriétaire dessus pour les renseignements. Sans mentir, on se croirait à EV un jour de pluie. D’ailleurs, il neige de plus en plus. Puis il vente de plus en plus, aussi.

Oui, bon, tu l’as vue la pointe du Sifflet ? Elle est vachement belle, et le couloir, ah oui, très beau, très beau. ça passe comment ? A gauche de cet éperon, puis droite, droite, hop, sommet, vendu.
On quitte le chemin bien tassé pour bifurquer vers la pointe du Sifflet. L’épaisseur de poudreuse augmente de 30 cm et notre vitesse de progression diminue d’autant. Nous suivons la trace d’un.e skieur.se. Le vent continue à forcir, c’est la tempête de neige. Tu vois la pointe du Sifflet ? Ah ben non, on ne la voit plus.
La trace s’arrête. La personne a fait demi-tour. Estelle, en tête, se pose une question philosophique : “abandonner, est-ce une forme de renoncement ou de courage ?”
“On va voir jusqu’au départ ce que ça donne puis on décide ?
– Oui, et puis peut-être qu’il y a un couloir plus facile.
– Allez, ça roule.”
On se fait doubler par deux skieuses qui nous informent que, sur les prévisions qu’elles ont regardé, la pluie arrivait à 13h , et qu’actuellement, à 10h30 du matin, on est globalement sur le temps annoncé à 15h. C’est très clair, tout ça. En simple : il fait pô bô.
Avec une visibilité à 50 m, nous arrivons au pied du couloir. On ne voit pas le sommet. On décide de tenter un couloir adjacent à celui du Sifflet plus petit et moins pentu. Il vente toujours autant. En fait, surement plus. La neige, pas mieux. Mais, bon, on enfile baudriers, crampons, et les gants qui vont bien, et on se répartit en cordée, et Mathilde partira en tête, elle s’encorde, elle regarde, elle estime –
“C’est un peu la merde, là, non ?”
La morale de cette histoire est simple : si vous avez prévu de monter dans un couloir de neige alors qu’il vente et qu’il neige, qu’il y a du brouillard et que vous allez sortir sur une crête, alors qu’il y a de la poudreuse de qualité supérieure partout, n’hésitez pas plus : POUDREUSE !!!
Oui, on a fait demi-tour sans faire le couloir. Et une chose est sure : en descente, le ski, ça glisse mieux que les raquettes…

– La crête du Pin par Camille:
C’est par un matin brumeux, parmi les grenoblois du dimanche, que s’élancent une petite bande de gucémiennes. Un objectif : l’Arête du Pin qui court entre le Pas de la Coche et le Col de l’Aigleton. Bientôt il neige sur nos têtes. Nous avançons, à pieds, puis en raquettes à partir du Habert d’Aiguebelle, et bientôt on monte droit dans le raide, en marche d’escaliers. Colette fait la trace (et en profite pour se fatiguer un peu!). Pour elle c’est une balade du dimanche, pour nous les bizu, c’est déjà la grande aventure ! Petit enseignement de l’environnement dans lequel nous sommes : pas de risque en cas de chute, il y a telle quantité de neige poudreuse, que la glissade s’arrêterait bien vite. Petite vigilance vis à vis des avalanches du fait du degré de pente, on s’écarte d’une dizaine de mètres mais il fait encore bien frais. Au pied de l’arête, quelques rayons de soleil commencent à percer et le vent froid s’invite aussi. On s’équipe, plus ou moins efficacement, heureusement nos encadrantes nous prêtent main forte .

Et c’est parti, nos 2 cordées, crampons aux pieds et un piolet en main, se suivent pour grimper sur l’arête. Elle est recouverte d’un épais manteau neigeux, avec d’impressionnantes corniches de neige sculptées par le vent. Les premières de cordées brassent et déneigent quelques rochers pour poser des protections. Derrière, une mission : mettre un pied derrière l’autre attentivement, en évitant quelques percées vertigineuses, tout en profitant du spectacle ! Les reliefs figés dans la neige se dévoilent au fil des nuages qui courent dans le ciel.  Des émotions mêlées s’invitent, c’est à la fois vivifiant, stimulant et pétrifiant ! Au loin, bien plus détendue, une voix amusée raisonne : là c’est idéal pour sauter de l’autre côté de la congère en cas de chute de votre partenaire ! Entrelacs d’émotions vous disais-je … La voix reprend « ah enfin un peu de challenge ! ». Il faut grimper sur un rocher, le vide dans le dos, avec ses atouts les plus naturels : un piolet, une moufle et des griffes à la place des pieds ! Je voue depuis une adoration sans limite à ces petits sapins qui se dressent fièrement dans ces zones escarpées. Grâce à l’un d’eux et à l’attention délicate de Maylis, j’ai pu franchir ce ressaut, certes en grognant, mais bien assurée !

 Dernière étape : descendre de l’arête pour retrouver un couloir neigeux qui sera notre échappatoire. Le Pas du Pin. Le crux : le relais décrit est enfoui sous la neige. Un piolet enfoncé dans la poudreuse fait office de point pour nous mouliner. Enfin une moulinette d’alpi, entendez par là qu’il faut tout de même désescalader ! D’autant plus pour la dernière qui déséquipe les friends attentivement posés auparavant pour assurer sa descente. On retrouve alors des skieurs qui monte jusque là pour le plaisir de dévaler le couloir du Pas du Pin. On prend le chemin du retour, à crampons, raquettes puis en luge sur l’arrière-train ! Reste à savoir, pour la beauté de la dialectique, si l’on a parcourut un quart ou un tiers de l’Arête du Pin. Quoi qu’il en soit, un grand merci pour cette aventure !

Le groupe des Dentelles à Casserousse, par Aline:

Parties de Chamrousse pour rejoindre les goulottes de Casserousse en empruntant le téléphérique de la Croix, Émilie, notre super guide du week-end, a profité des quelques minutes dans la cabine pour nous interroger sur nos envies, attentes et autres pour la journée. Plusieurs d’entre nous n’avaient jamais fait de goulotte et ne savaient pas trop à quoi s’attendre ou ressentaient un peu d’appréhension, certaines d’entre nous étaient un peu fatiguées… Après avoir collecté nos ressentis et au vu des conditions (chutes de neige la veille), Émilie a choisi de nous emmener dans la goulotte Vial, une petite goulotte semi-protégée de 4 longueurs qui débouche juste en contrebas de la croix.
Si parmi les « apprenantes » seule Ophélie s’est sentie de passer en tête dans la première longueur (où il fallait effectivement bien brasser), la présence rassurante d’Émilie qui naviguait entre les cordées et la belle émulation entre nous au fil de l’ascension nous a toutes donné la confiance nécessaire pour prendre le lead d’une ou plusieurs longueurs.
On est sorties sous le sommet ravies, avec encore un peu de temps devant nous pour voir ou revoir comment faire un corps-mort puis boire un chocolat chaud en terrasse et faire le débrief de cette belle journée.

DIMANCHE 25/02:

Groupe des Cheese Naäna à Casserousse, par Mathilde:

On se retrouve le lendemain matin, direction Chamrousse en compagnie de notre super guide pour la journée Emilie! On prend le téléphérique pour la croix, en haut le vent souffle fort. On se dirige alors au pied de la goulotte du jour : l’éperon de gauche (AD II X1 P4 2 M3 d’après C2C) que l’on renommera la goulotte des « ragnagnas ». On se divise en 3 cordées et c’est parti ! Malgré l’appréhension, on grimpe en tête les unes après les autres avec Emilie qui se faufile entre nous toutes !

On se gèle les doigts, les cordées du bas se prennent toute la neige que celles d’en haut envoient, on expérimente le spin drift en lieu et temps réel, mais au moins on rencontre de vraies conditions hivernales ! Au bout de 5 longueurs, frigorifiées on se retrouve en plein vent.

On pose alors des rappels pour s’échapper par le bas. Le télécabine ayant fermé avec le vent, c’est à pied que l’on redescend en bas de la station. Petit debrief autour d’un bon chocolat chaud : les avis sont mitigés. Certaines ont adoré d’autres un peu moins mais nous sommes toutes contentes de retrouver nos 10 doigts ! Merci Emilie de nous avoir fait découvrir une nouvelle facette de l’alpinisme !

Groupe des Dentelles,

– Pointe du Sifflet par Marie:
Après notre chouette journée goulotte à Chamrousse du samedi, nous voilà de retour au GUCEM à 7h30 le dimanche. Nous avons la belle surprise d’un ciel matinal dégagé. Après le trajet vers Prabert on se met en route vers le Habert d’Aiguebelle puis on se scinde en 2 groupes : alors que certaines partent en raquettes pour l’Arête du Pin, nous sommes 5 à partir en skis (sous les yeux envieurs de certaines de l’autre groupe…) pour la Pointe du Sifflet.
Le projet est de monter par le couloir NE puis emprunter l’arête Nord pour redescendre à ski dans un couloir moins raide. Nos 2 encadrantes nous font une belle trace dans la neige pulvérulante. Dès le bas du couloir, on sent le vent forcir et on se questionne sur le passage sur l’arête : ça à l’air de souffler là-haut. Posées sur un rocher dans le début de la pente (avec vue sur la petite troupe qui monte vaillamment en raquettes), la décision est prise de faire demi-tour et de profiter tranquillement de la descente dans la bonne neige (pour moi que la pente impressionne, c’est pas plus mal).
On remet les peaux (enfin, quand elles veulent bien coller…), direction le Pas de la Coche pour manger un bout un peu à l’abri du vent. Puis les envies divergent : Ophélie, inarrêtable (alors même qu’elle a prévu de repartir en vadrouille à skis dès le lendemain matin) repart avec nos 2 encadrantes sur le début de l’Arête du Pin pour trouver un couloir sympa où descendre. Colette profite d’un premier couloir raide, Ophélie et Pauline d’un autre un peu après. Puis elles rejoignent Laurine et moi qui sommes redescendues directement au Habert d’Aiguebelle profiter d’un bon… et non, y avait plus de chocolat chaud [snif] !
On finit la descente dans la forêt et à la question de Laurine : « C’est normal d’apprécier davantage le ski type bobsleigh entre les arbres que la poudreuse de tout à l’heure ? » Pauline répond par un « Non » catégorique. Chacun.e son truc 🙂
Et pour finir, vient l’épreuve la plus délicate de la journée : comment faire rentrer 5 personnes + 5 paires de skis + 5 sacs dans une voiture 5 places ? On s’en sort pas trop mal et tout ce joyeux bazar finit par arriver au GUCEM, ravi de ces 2 journées !

– La crête du Pin, par Aline:
Parties vaillamment de Prabert raquettes sur le sac, la frustration de ne pas chausser les skis alors que la neige avait enfin pointé le bout de son nez (et quelle délicieuse neige !!) se faisait (à peine) entendre chez certaines d’entre nous.
Il faut dire que quand c’est béton jusqu’au Habert d’Aiguebelle puis vite bien pentu pour rejoindre le pied de la pointe 2197 sans passer par le Pas de la Coche, l’intervalle d’utilisation optimale de la raquette à neige est assez court !
C’était chouette d’avoir en visu les jolis virages à skis des copines redescendant du couloir nord-est de la pointe du Sifflet, contraintes par le vent qui s’y engouffrait de faire demi-tour.
Après une petite pause pour s’encorder au pied du couloir de neige à 40°, on a attaqué les choses sérieuses et rejoint l’arête sur laquelle nous avons bien pris plaisir à évoluer.
Étant cinq, nous avons formé deux cordées, une de deux et une de trois, avec une encadrante par cordée pour nous superviser et nous rassurer…, on a été gâtées !
Sur le fil de l’arête, la neige tenait très bien sous nos pieds cramponnés. Nous avons admiré de belles corniches, tout en les approchant avec prudence. L’ambiance exceptionnelle des sommets du massif de Belledonne a fait vibrer nos âmes d’alpinistes en herbe.
On s’attendait à se faire tabasser par le vent et à battre en retraite rapidement et, si nous ne sommes finalement pas allées très loin sur l’arête, ça aura plutôt été à cause de l’heure déjà tardive. Un court rappel sur un beau becquet nous permettra de rejoindre un petit couloir en ouest et de tirer vers le bas.
Fâchée avec les raquettes, Lou mettra au point une technique de descente en pelle à neige plutôt efficace, n’hésitez pas à la contacter pour une initiation ! En ce qui nous concerne, nous n’avons pas eu besoin de nous faire prier pour la suivre gaiement en glissant en mode chenille/luge-humaine/bobsleigh sans bobsleigh (nous avions bien évidemment déchaussé les crampons et les raquettes avant cela). Le chemin forestier sur la fin de la descente était devenu bien glacé et glissant, mais nous avions encore le pas bien alerte et agile pour éviter les chutes.
De retour au parking (il ne restait plus que notre voiture sur un parking sans doute déserté dès que le soleil s’était caché derrière les nuages) alors que les premiers flocons commençaient à tomber sur le bout de notre nez, Sophie nous tendra la récompense et réconfort ultime pour cette journée : un gâteau maison au chocolat banania, expérience culinaire couronnée de succès !
Une très belle deuxième journée en Belledonne pour clôturer un joli weekend du groupe Alpi féminin où on aura toutes appris/révisé/pris confiance et bien rigolé !

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