WE au refuge du pic du Mas de la Grave, édition 2020


Dernier WE de février. Ou premier we de mars, c’est selon…
Le CoVid19 faisait déjà jaser, mais il était encore loin. Nous, on avait la tête à la montagne.
On s’était préparé un truc tranquilou pépère, aux petits oignons, pas loin de la Grave, au creux du vallon du Gâ. C’est un endroit qu’on connaît bien au club. Déjà parce qu’on y est allé y’a deux ans et 15kg (enfin surtout pour moi), ensuite parce qu’on peut se faire le Gâ en question quand c’est bien humide, mais faudrait pas que ça coule de trop (en canyon, hein, parce que je vous vois venir…)*.

Ciel couvert, donc.

La météo prévoit un ciel plutôt couvert, avec de timides éclaircies, beaucoup de vent en rafale. Ca vous rappelle pas quelque chose ? Parce que moi j’ai de vagues flash-backs qui remontent… Donc forcément BERA risque 3 avec un accent plaque à vent prononcé. Bon, on choisit un départ pas trop tardif, y’a quand même du chemin, mais pas trop matinal non plus, la dernière fois 5:30 c’était grave abusé pour mes heures de sommeil, bordel ! Donc 7:30, ça parait raisonnable. On prend les crampons. C’est comme les chiens les crampons, ça aime bien prendre l’air, et puis on préfère quand ils sont avec nous, c’est toujours rassurant.

On récupère Franck à Séchilienne (le SEUL avantage** d’habiter à Séchilienne, c’est quand même de gratter 30 min de sommeil quand tu vas skier en Oisans). On arrive à La Grave. Putain, je vous jure qu’il y avait un fou qui avait passé un sèche cheveux sur les crêtes. Un truc à prendre peur, et à faire remonter les troupeaux aux alpages. Bon, on y va quand même, on sait jamais. On redescend un poil pour s’engager en direction du Petit Têt vers la Brèche (oui, mais les locaux ils disent la berche !) en passant par la Serre Bernard. C’est plein d’herbes. Enfin on passe la brèche et on bascule dans le vallon. On dépeaute dans le vent. (Oui, des fois ça m’arrive d’être dans le vent. Et quand vous êtes sous le vent et que je me sens ballonnée, et bien je préfère être à ma place qu’à la votre.) On s’engage… Et je me prends ma première vautre. J’avais pas passé ma chaussure en mode descente ! On file prestement vers le refuge pour un repas… Pas encore bien mérité, mais que voulez-vous, on est pas là pour se faire du mal !

On est 6 en tout : Sylvain F, Julien, Franck, Alberto, Eduardo et moi. On s’installe au refuge, on laisse une partie de nos affaires, on avait tous tout, sauf moi. Donc moi je fais la maman, je liste tout bien ce qu’il faut prendre et j’envoie ça à tout le monde, et je suis la SEULE à oublier mon sac à viande. Je vous jure que la charge mentale c’est pas mon truc, bordel. On en profite pour manger au chaud (oui, parce c’est douillet dedans). Au moment où commence la digestion, on commence à se regarder en chiens de faïence… Alors, ressortira, ressortira pas ? Sieste, sauna, siroter une binouze ? Bon, on est pas là pour se faire du mal, mais on est quand même clairement là pour faire du ski, de nom ! On ressort.

On repeaute. Et là… Là je m’aperçois que j’ai perdu un étrier dans le vent à la brèche. Bon. Bah un bout de chambre à air, et ça repart. On peut tout faire avec un morceau de chambre à air ! Citez-moi UN truc qu’on peut pas faire avec un bout de chambre à air ! Donc, peaux collées aux semelles, on remonte le vallon. On est bien au fond. Pas de vent. On continue l’ascension vers le col des Trentes Combes (je vous dis que c’est un marseillais celui qui a nommé ce col, je suis sûre que c’est Lucie). Et bien d’un coup, c’est nettement moins abrité du vent. Second épisode des chiens de faïence. Clairement, on est pas dans le mal, mais on est plus dans le bien non plus, et c’est bientôt l’heure du goûter. On retourne se mettre au chaud.

Le Meije. Enfin, on pense.

On vous a déjà dit que le refuge il est hyper cosy ? Parce que dedans, en plus des douches avec de l’eau chaude, il y a un piano, une guitare, des BDs, quelques livres, un sofa et deux fauteuils au coin du poêle. Y’a même un sauna. Bref on s’installe bien, avec des cahuètes, des bières et tout ce qu’il faut. On regarde la Meije du coin de l’œil aussi, et bientôt c’est la neige que l’on couve de nos yeux gourmands. On n’avait pas fini l’apéro***, qui durait quand même depuis 2h, quand le repas nous est servi : polenta et bœuf carottes. La polenta, c’est la vie. On ne dirait pas comme ça, mais je suis une poule. On profite aussi d’un bœuf : c’est l’anniversaire de quelqu’un dans la salle, alors y’en a qui se sont dévoués et qui mettent un peu d’ambiance au piano. On se cale dans le sofa et on reprend un brin de lecture avant d’aller se coucher.

On trace.

On se lève, et on se bouscule, Julien se réveille pas, comme d’habitude… Et puis je m’habille très vite, je sors de la chambre, comme d’habitude… Ma main écarte les rideaux, presque malgré moi, comme d’habitude… Et là, je découvre la neige, y’a 30 centimètres, j’ai plus l’habitude. Et donc je descend de bonne humeur me remplir la panse en songeant déjà au gros gavage de neige qui nous attend. On sort avec une banane d’enfer en se faufilant dans les 30cm qui n’attendent que nous. On tape au fond du vallon, et puis on va chercher la Tête du Vallon. On profite du panorama, qui en jette quand même un peu, et on se prépare pour la descente.

Pano !

Enfin les garçons se préparent pour la descente, pendant que je me bats avec ma chaussure gauche qui ne veut pas repasser en mode descente. Sylvain me rejoint vite dans la bataille. Vous vous souvenez qu’on peut tout faire avec un morceau de chambre à air ? MENSONGE ! Le système qui se reclipse en mode descente est pété, impossible de bloquer la chaussure. On repart. Gamelle. Une seule, juste le temps d’apprendre à compenser. Si jamais un jour il vous prend l’envie de ne travailler qu’une cuisse sur deux, je vous conseille de ne skier qu’avec une jambe, c’est hyper efficace. Ma cuisse droite est en feu pendant que l’autre se demande quand est-ce qu’elle va servir. La neige est superbe. Je bous de rage. Les autres s’amusent comme à Disney Land.

La Meije ?

On repeaute, et on remonte le long du vallon. On dépeaute et on redescend. Je lâche quelques jurons par-ci par-là quand les appuis me manquent, mais je tiens sur mes planches, morbleu ! On repeaute. Eduardo coule une bielle, mais c’est la dernière, alors on le pousse un brin plus, pour qu’on en profite jusqu’au bout ! Putain la poudre est légère juste comme on aime, on décolle d’un rien, même moi je le sens. Je lâche un dernier râle dans un virage, et c’est déjà le retour au parking.

* Oui, bon j’ai été calme dans le dernier compte-rendu, c’est quand même pas un état éternel chez moi !
** Et d’avoir un jardin en période de confinement. Avec des arbres. Comme ça on peut faire des tyroliennes.
*** Entraînement qui s’avéra essentiel en cette période de télé-apéro.

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