A la conquête des grandes voies mythiques d’Ailefroide


Pour le week-end du 15 août, une petite troupe de Gucémiens est partie au cœur des Ecrins pour se mesurer aux grandes voies mythiques du paradis des grimpeurs : Ailefroide ! Le lieu est assez insolite : complètement encerclé de montagnes et bordé de torrents qui descendent tout droit des glaciers, on s’y sent tout petit. Au cœur du cirque, une immense prairie et des arbres constituent le camping. Ici, pas d’emplacement défini, chacun s’installe là où il y a de la place. Chaque été, des milliers de grimpeurs viennent ici en pèlerinage, sur les traces des plus grands, dans le terrain de jeu de Cambon « l’équipeur aux 1000 voies », prêts à gravir de la dalle et encore de la dalle (mais en granit donc comme du velcro sous les pieds).

Le vendredi après-midi, une fois la voiture garée, le casse-croûte terminé, le topo étudié, les cordes délovées et les dégaines accrochées, nous voilà partis à l’assaut de notre première dalle granitique pour échauffer les mollets ! Nous prenons le temps de bien réviser les manipes pour constituer son relai et faire monter son second. Les cordées se suivent et le groupe peut ainsi évoluer ensemble dans un premier temps pour que tout soit bien sécurisé.

Après ces quelques premières longueurs, nous descendons au camping pour installer notre campement : tables, chaises, bâche et petite tente d’abri autour desquelles nous installons nos tentes en cercle. Nous rougissons un peu devant les campements sophistiqués de quelques CAF mais nous sommes quand même bien confortablement installés ! (un jour on aura une belle tente comme eux Delphine !) Comme le soleil est au rendez-vous (pour l’instant), la troupe décide d’aller se rafraîchir dans la piscine naturelle du camping formée d’eau glacière. Sans surprise, elle est glaciale ! Même le torrent à côté est plus chaud, enfin moins froid. La soirée, autour d’un repas chaud, est consacrée à l’étude des topos et à la constitution des cordées du lendemain.

Samedi 7h, réveil matinal et frais. Chaque cordée part dans son secteur avec des ambitions plus ou moins grandes : des voies de 7, 11 voire même 14 longueurs ! Rivière Kwaï est une institution parmi les grandes voies d’Ailefroide, 14 longueurs en 5c+ max dont 8 en 5c, et une réchappe au milieu. Malheureusement, notre cordée n’en est pas venue à bout… Frustrés mais cuits, sous un soleil intense, après 6 longueurs, nous n’étions pas capables d’enchaîner les 8 à venir. Dommage ! Ce sera pour l’année prochaine ! Les autres cordées sont revenues ravies d’une journée intense et ensoleillée.

Dimanche, l’orage menace. On se hâte au pied des voies. Certains commencent des voies en couenne, d’autres enchaînent une ou deux longueurs et d’autres font demi-tour quand les premières gouttes commencent à tomber. Nous préparons le camp pour la journée de pluie à venir, nous installons plus de bâches, déplaçons les tables sous l’abri et commençons à faire chauffer du thé car la journée va possiblement être longue. L’orage bat son plein. Recroquevillés et emmitouflés sous les bâches percées, nous passons la journée à couincher, jouer au barbu, faire des devinettes sur des nains qui tombent d’une montgolfière après avoir entendu le téléphone sonner (ou peut-être pas tout ça mélangé !), jouer à un jeu bizarre où il faut crier des mots (je n’ai pas compris les règles je crois), couper du saucisson et boire du thé chaud.

Vers 16h, après une petite sieste pour certains, du bloc en forêt ou une balade pour d’autres, quelques rayons du soleil apparaissent. Nous repartons au pied des voies. Encore une voie en zig-zag, Lionel tire de tout son poids pour faire remonter la corde et une rigole de pluie coule sur le caillou ; c’est un mélange de canyon et de grimpe quoi ! Une longueur, ça tient, deux longueurs, le nuage revient, trois longueurs, il faut prendre la réchappe, la dalle est mouillée et impraticable. La réchappe, quelle réchappe ? Il faut s’encorder à un arbre pour espérer atteindre le sentier de l’autre côté. On s’encorde, il faut traverser, Camille passe, mais crac, Pauline glisse sur la roche, le point est loin, la chute est longue. Pas de blessé mais le cœur de tout le monde bat fort… Lionel et Florent à la rescousse, nous finissons finalement tous par atteindre l’autre côté en posant tant bien que mal deux points supplémentaires. Des gens en bas nous ont observé, ils montaient nous aider, ils sont rassurés de nous voir tous rentrer entiers. Bon, comme qui dirait, soit tu passes une belle journée ensoleillée, soit tu as des histoires à raconter !

Lundi, le soleil est de retour. Chacun choisit une belle voie pour son dernier jour ; certaines sont emblématiques comme l’Epée de Damoclès (6b+ max) ou Ecrins Total (5c+ max). Après 5 longueurs dans Ecrins Total, nous nous retrouvons sur une petite terrasse, perchée au milieu du cirque, avec une vue à 270 degrés. Un moment privilégié ! Une fois en haut, nous avons quatre longueurs de rappel à tirer. Nous apercevons même les copains sur une arrête en face ! Ils ont une longueur de rappel entière en fil d’araignée ! Un grand moment apparemment.

En somme, des souvenirs plein la tête pour la troupe, de belles cordées, de belles journées et des moments inoubliables (même sous une bâche sous la pluie à 10 degrés) ! Merci aux quatre encadrants (Delphine, Camille, Florent et Rémy) pour l’organisation et pour votre dévotion à toute épreuve (surtout quand il faut faire une traversée périlleuse sous la pluie).

On retournera à l’assaut de Rivière Kwaï l’année prochaine, plus vaillant et plus endurant ! 

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *