Grimpe de rêve à Chateauvert


Mai 2020, Ascension. Toute la France est occupée par une pluie tenace. Toute ? Non, dans le sud du sud, un microclimat résiste encore et toujours à l’envahisseur ! Il s’agit de Chateauvert, province de la Provence, terre de grimpe, de calcaire, de baignade non-autorisée. Jupiter ayant décrété les déplacements officiellement autorisés, une horde de gucémiens part aussitôt l’envahir.

Les barbares rappliquent après 4h de bagnoles et plusieurs tours de rond point au pied des falaises. Le ciel est bleu, le calcaire gréseux, l’eau limpide. Yeaaaaaah ! Au grand dam des grimpeurs déjà présents, nous envahissons le site de Technogène et de Golot fou. C’est-à-dire qu’on le blinde de moulinettes, on le sature de tssssa ! tchiiiis ! urgh ! et autres réjouissantes onomatopées. Certains retrouvent le caillou avec habitude, d’autres découvrent ou redécouvrent les sensations de la grimpe et les manips de corde. Chauds bouillants, on s’arrache quelques morceaux de peaux et on se fait rouster dans notre niveau de confort.

19h20, la campagne d’envahissement continue : on investit le camping. Les occupés, résignés, nous ont désigné une terrasse privative d’herbe pour poser les tentes et nos fesses. On a même le droit à deux tables et un nombre exact de chaises. Ajoutons un frigo, une multi prise, de l’éclairage. Le pied ! Mais une sombre rumeur circule : il semblerait que les bouteilles de gaz aient été laissées en terre conquise (c’est-à-dire Grenoble, faut suivre bordel). Afin d’éviter le début d’une mutinerie et les exactions qui découleraient, la cheffe négocie une alliance avec le représentant des occupés. On aura du gaz, hourra ! Tandis que qu’une petite escouade s’aventure dans les eaux froides de l’Argens, d’autres s’attèlent à l’étude de la taille optimale du poivron dans un chili sin carne. Quant à la cuisson du riz, on manque de se foutre sur la gueule. Avec les légumes ou à côté ? Finalement, rendus fébriles par la faim, le riz cuira avec le reste. Etienne s’incline et reconnaît presque que c’est bon. On sera d’accord sur une chose : il n’y a désespérément pas assez de piment !

Le lendemain, après un petit déjeuner pensif (Sylvain-Lionel : un pic vert sur un pic à brochette étant piqué est-il un pic piqueur ? ; Agna : tomate + beurre + tartine = regards interloqués des voisins et souvenir de Pologne ; Carla : à raison d’un pot de 1kg de pâte à tartiner pour 19 personnes sur 3 petit-déjeuners, combien de temps reste-t-il avant que les premiers meurtres aient lieu ? ; Thomas : caféééééééééééééé), nous repartons grimper.

 

Sur ces quatre jours, on occupera successivement les secteurs de Tintin, Lycopodium-Bagarèdes, Igloo et Eole. Et ça continue entre les moulinettes plaisir, les têtes qui font peur mais qui font du bien, la découverte des dalles sur les conseils avisés de Delphine pour les novices et le repos salvateur à la rivière ou dans le hamac. Tout le monde y trouve son compte, magie de Chateauvert. On y trouve les plus belles 5a, b, 6a, b du monde c’est-à-dire des voies de plus 35m où on prend son pied en les montant. Tour d’horizon obligatoire une fois arrivé au sommet, la beauté du Vallon du Sourn nous transcende. D’ailleurs, histoire de faire corps avec le rocher, quelques ascensions se feront pied nus, l’oreille caressée par les prouesses d’un certain Charles Albert. D’autres se feront rythmées par les chutes, la tête en bas les pieds en l’air s’il vous plait !

 

 

 

La fesse !!

Alix et moi-même élaborons un nouveau concept de limage des ongles dans une splendide dalle à réglette (Indiana Jones !), Sylvain-Lionel celui de la traversée sur inverse sans pied avant de sortir dans un toit (Et paf le chien !), Etienne étudie l’adhérence de l’écorce contre celle du caillou, Glaubert se découvre chimpanzé, grimpant à l’appui entre arbre et falaise, et beaucoup d’entre nous dissertons sur la position idéale du hamac. On patine une après-midi durant Borderline avec un crux d’anthologie où on trouve une prise… de fesses. Aie ! Pardon, M. le BE ! Une prise de pied, bien sûr. N’empêche, qu’avec 4 poses de fesses contre 2 poses de pied, la technique est validée par la commission !

La fesse !!

On termine dans le secteur de Alex et Liqueur de chêne avec une colonne, une colonne… bref, plein les mirettes.

 

 

 

 

 

Résultat des courses : +1 cale sur le gros orteil, hypersensibilité des pieds et des mains, disparition des empreintes digitales, quelques heures de sommeil à rattraper, une démarche inhérente aux courbatures accumulées mais la tête pleine de belles choses et le corps déjà en manque de la sensation du caillou. On salue une dynamique de groupe de qualité plutôt exceptionnelle (aucun mort sur 19 quand même) et des échanges très agréables. Il faudra bien ça pour résister au retour… 6h de bouchon. Et on remercie Jeremy, Flora et les capacités d’adaptation de Titine pour les itinéraires bis !

A bientôt pour de nouvelles aventures !

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