Voyage à la mecque du Canyon : le Tessin


Cette histoire commence aux tréfonds de l’été, dans son ambiance moite et pesante, empestée de Covid19, de restrictions sociales et de crues éclairs.
Malgré tout, un groupe d’irréductibles canyonneurs se prépare et monte une expédition pour aller explorer les fonds du Tessin, pour se glisser dans le creux de ses fentes enclavées et jouir au gré des lumières changeantes de ses formes particulièrement sculptées.
Enfin presque irréductibles : pour diverses raisons Oscar et Alberto ne prendront pas part à cette aventure… Adieu les jeunots !
Reste donc les vrais irréductibles :
Fab’, le pro
Will, le cuistot
Lio, les cuissots
Adri, le jeunot
Mathoche (moi), le frigo

J1 : Trajet et Val di Gei

On survit difficilement au réveil de 4h du mat’.
Heureusement, la bâche-oreiller et la banquette arrière nous (Adri et moi) aident à nous remettre d’aplomb afin de resombrer dans le sommeil.
On récupère Fabien, qui me vire de la banquette arrière au profit de son matos. Je suis triste, mais suffisamment fatiguée pour me rouler dans ma doudoune et retourner me plaindre dans les bras de Morphée.
On apprend à se connaître pendant le trajet, après tout il va falloir vivre les uns sur les autres toute cette semaine. Or donc en portrait rapide, sachez que le Belge est FONDAMENTALEMENT différent du Français. D’abord il faut se méfier de ses expressions. Chez lui, savoir veut dire pouvoir. Mais pour nous autres français, le pain, c’est sacré. On insiste très lourdement pour s’arrêter prendre du pain sur le chemin. Surtout avec la dose de saucissons qu’on a pris. Et puis surtout parce qu’il est bien connu que les Suisses ne savent pas faire de pain… Will accepte donc presque à contre cœur qu’on s’arrête.
Fabien ne vit que pour le melon (ça sera vérifié au retour) et les puissances de 2. Cette passion commune pour le melon m’inquiète un peu, mais Adri me rassure, il me laisse sa part.

Pour se mettre en jambe, on se fait un premier petit canyon : Val Di Gei.
Il annonce la couleur : calcaire noir marbré de blanc à tous les étages. La classe version 5 étoiles, on se régale. On engloutit la descente rapidement, avant d’aller vers le camping. Le camping a été soigneusement choisi à Cresciano. Le but avoué, c’est quand même de trouver des canyoneurs pour faire des navettes. Ben oui, j’ai mis mon véto pour les déposes en hélico, alors forcément… On ne crache pas sur le confort !
d’ailleurs, le camping est beaucoup trop luxueux, jugez plutôt : on a une chaise avec dossier, accoudoir et porte bière par personne. Une table. Deux personnes par tente 3 places max. Un set de couteaux à faire pâlir Philippe Etchebest. Au menu du soir : ravioles sauce aux cèpes. On se fend d’un live facebook culinaire, tandis que je croise secrètement les doigts pour qu’on ne trouve personne pour faire les navettes. Ma balance ne s’est pas totalement remise du confinement.

J2 : Iragna Intégrale

Finalement mes imprécations n’ont pas eu d’effet. Mes acolytes ont réussi à choper deux grenoblois (Antho et Geoffrey), parés pour la navette !
S’ensuit un passage pour récupérer le ticket à l’ancienne caserne de pompier, et on file laisser une voiture en bas pour monter.

9:30 départ du parking. Jolie petite marche d’approche et à 11:30 on démarre le canyon. On retrouve la même ambiance que la veille, avec un canyon toujours de calcaire noir marbré de blanc. On s’arrête pour manger vers 13h, je sors mon portable pour quelques photos… Et j’ai du réseau ! Et qui dit réseau dit… Live Facebook !
On reprend la suite de la descente sans encombre et on sort du canyon vers 18:40. C’était hyper cool. Le canyon est superbe, assez ludique avec quelques sauts et toboggans. Il manque de grosses verticales à mon goût, mais il reste le favori du jeunot ! En attendant l’encaissement et l’effet marbré sont saisissants.

En sortant, on en profite pour aller vérifier le débit de Lodrino. Mouais, on va le laisser pour la fin de semaine. Faudrait pas que ça remue trop, la pulpe, elle est mieux en bas. (La pulpe, c’est nous, hein.)

Au menu du soir : poulet sauce morilles sur son lit de riz. Arrosé avec de la bière, hein, vous aurez compris que l’orangina, c’est pas vraiment pour nous.
C’est pas cette semaine qu’on perdra du poid, d’autant qu’on a sorti un autre sauciflard pour accompagner les bières et le houmous en attendant le plat principal.

J3 : Cresciano Intégrale

Allez, cette fois grosse motiv’, je suis à fond, hyper excitée, je vais me le faire et l’enfiler jusqu’au bout et rien que de le voir s’étendre devant moi, je suis déjà trempée.
Petit retour en arrière : il y a deux ans, lors du dernier stage Tessin, je me suis rétamé la gueule (enfin la cheville) sur la marche d’approche, et donc j’ai attendu mes camarades en bas du toboggan avec ma cheville plongée dans l’eau glaciale.
Petit retour en arrière bis : Fab’ sur les deux fois où il est venu faire ce canyon, et ben il s’est perdu deux fois sur l’approche.
La descente s’annonce sous les meilleurs auspices.

Reprenons :
9h, départ camping, 9:30 départ du parking.
Adri oubli son casque (il fallait que ça arrive au moins une fois pendant le stage, après tout, on est pas du tout des habitués des oublis de casque…), et donc, nous l’attendons. Attente sur les lieux du crime. Ambiance.
On se remet en route. On croise un pro avec son groupe, qui nous conseille de ne pas passer par les échelles. “Bullshit.” qu’y dit. “Bullshit” répond Fab, quand le groupe en question a tourné pour la partie inférieure. Donc… Bah on y va quand même.


Mais moi j’ai une corde qui pèse un âne mort. Bah c’est pas facile. Je demande de l’aide à un ami et le kit est hissé en haut de l’échelle. Et pendant que je ralenti sensiblement la cadence, le reste du groupe reprend son souffle.
Bon au final, on finit par reprendre une sente classique, je reprend mon rythme tout aussi classique et Adri perd son souffle. Classique. (Bisous Adri, promis la prochaine fois j’abuserais moins 😘)
On arrive au barrage vers 11:30. On est trempés de sueur, mais la néop est froide. L’ombre est froide. L’eau est froide. Je suis froide. On enfile la combi. On se pose au chaud. On mange. Il fait moins froid.

12:15, début du canyon. Il refait froid.On suit le canyon. Toujours mythique d’ailleurs. Toujours la même ambiance : le canyon est sombre, marbré, découpé, encaissé, magnifique. Quelques cascade ciseaux (d’ailleurs on tonche une corde), quelques tob’ éjectables, quelques sauts, hyper complet. Mais hyper froid. En tous cas moi j’ai froid.
Ah oui, une petite leçon qu’il faut que j’apprenne : ne pas lancer le kit EXACTEMENT là où je veux sauter. Parce que c’est pas grave en soi, c’est pas dangereux non plus, mais c’est TRÈS TRÈS CON BORDEL !
On profite du dernier tob’ pour un petit live FB, c’est quand même le toboggan le plus impressionnant du secteur.


Et puis on va jusqu’au bout du bout, même si à la fin c’est quand même longuet et qu’il n’y a plus vraiment d’envie. Mais bon, les mecs sont acharnés, c’est pas fini tant qu’on touche pas le fond.
On sort à 18:30.
On est rincés.
Donc on se douche, on discute du programme du lendemain, et on se motive pour Osogna. On n’est pas tous les jours dans le Tessin !

J4 : Osogna Intégrale

9h. On part du camping. La fatigue vient avec nous.
9:30, on arrive au parking. On a 2h15 de marche d’approche devant nous.
Adri coule une bielle, je prend le maillot à pois. Enfin presque, y’a quand même Fab devant. Adri a laissé le peloton s’échapper.
A 12:06 on est tous en haut, et à 12:30 on est dans le canyon. Faut pas déconner non plus, on va pas manger à l’ombre, bordel !
Donc on va se frigorifier dans les vasques. Fin y’a peu d’eau qui coule, mais comme le soleil touche pas le fond…


Mais à 13:15, on fait une pause repas AU SOLEIL bordel ! Il fait beau, que demande le peuple ? Un peu de réseau pour un live Facebook. Bon, on traînasse pas, mais ça m’a réchauffée juste le temps de retourner me re-frigorifier.
Bon, au final le canyon ramasse tous les cours d’eau du coin, on dirait une assemblée de petit vieux qui arrose son ricard. Donc le débit finit par être correct quand même.
Le canyon est beau (en même temps on n’est pas venu dans le Tessin pour faire les 3 blaireaux), et celui-ci remporte la palme du “Oh, il en fallait pas moins !” en regardant le bout de corde sortir légèrement de l’eau avant de le rappeler.
On atteint la partie inférieure à 16:50 et des brouettes. On prend le goûter pour rassembler nos forces, nos neurones, notre motivation et remonter le moral des troupes. On est un peu au radar, la semaine commence à tirer un peu.
Et à hauteur de la C60 : le retour de la pastabox, version soupe !
18:45 et des bananes (c’est quand même meilleur) on atteint enfin la sortie.

J5 : Lodrino (On aurait aimé, mais non…) Censo Inf Inf

Au final, pendant cette semaine, on s’est bien éclatés. On a fait des tob’, des sauts, des petites descentes en rappels. Mais voilà, des PETITES descentes. Et moi j’ai une bonne descente. Du coup je me plains un peu dans mon coin. Et puis comme je suis une faible femme qui n’hésite pas à user de son charme pour obtenir ce qu’elle veut (si si, cacher ce sourire moqueur que je ne saurais voir), et bien Fabien cède à ma volonté et se fait tout petit pour une poupé qui ferme la combi quand on la douche…


Donc : dernier petit canyon avec la partie inférieure de la partie inférieure de Censo, juste pour une cascade de 65m.
Mais bon, on fait quand même la grasse mat’ et on lève le camp, du coup on part à 10:40 du minibus. Adri préfère faire la sièste en nous attendant au soleil.
Et puis comme au final on n’a que 300m de dénivelé positif, Lio décide de le torcher en une demie heure et de me mettre une pilule. Il me sème presque, je suis lestée avec la 70m.
On commence la descente : Fab tape dans le tob, et puis on attaque la grande cascade.
Au final : grande cascade pas ouf, encaissement pas ouf, ça glisse de ouf. Et puis de temps en temps… Quelques passages étroits : ça va être tout noir ! Ça manquait à mon cœur de spéléo, quand même.
On retrouve Adri et le minibus vers 13:45.

On rentre directement, en faisant une pause melon. Il en reste : au final on ne se bat même plus avec Fab’ pour le finir. La fatigue est bien là jusqu’au bout : on éclate un pneu sur un trottoir qui traverse sans regarder, et la vis de la roue de secours a violemment pris à partie Fab. Comme quoi, il faut rester vigilant jusqu’à la fin : c’est toujours sur le trajet du retour qu’on se fait des petits trucs à la con.
Du coup on prend l’autoroute pour rentrer, et on passe par Lausanne. Coucou, le plus beau lac du monde !
Non, je ne suis pas du tout chauvine, pourquoi vous dîtes ça ?

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